HAPPINESS ONLY REAL WHEN SHARED
Dallas, 1994. La tête entre les mains, Archie Barnett fixait cette lettre sur la table. Il n'allait jamais cherché le courrier, mais pourtant ce jour-là, il s'était arrêté à la boîte aux lettres, y trouvant une enveloppe adressée à son nom, portant le cachet de son employeur. "
Monsieur Barnett, suite à la délocalisation de notre entreprise à Hillston et comme stipulé dans votre contrat, nous vous invitons à exercer votre activité de plombier au sein de cette nouvelle structure à compter du 03 mars 1994. Merci de recontacter la direction avant le 01er février." Il savait, il avait entendu les bruits de couloir, le patron voulait délocaliser, la boîte allait fermer, mais il avait préféré ne pas y croire, il était trop bien à Dallas, c'était sa ville, il y avait grandi et il était hors de question de penser à quitter sa terre natale. Seulement voilà, il était employé chez McDermott's depuis plus de quinze ans, et il savait très bien que de trouver du boulot passer la quarantaine était compliqué, alors il réfléchissait. Déménager signifiait pour sa femme de quitter son emploi, pour ses enfants de quitter tous leurs copains, le confort de cette vie qu'ils avaient construits non sans mal, une vie simple mais agréable, ou du moins suffisante. Quelques semaines plus tard, les cartons empilés les uns sur les autres, la maison était comme morte, plus de jouets à trainer, plus de cris d'enfants qui s'amusaient. Tyler James s'approcha, trainant Titou le lapinou derrière lui, son doudou, cette vieille peluche qui n'avait d'ailleurs plus rien d'un lapin mais qui le rassurait lorsque le doute s'installait. "
Papa ? Pourquoi y'a un gros camion dans la maison ? Puis il est où mon circuit de voiture ? J'ai envie de jouer..." Il baissa la tête, une moue tristounette sur son visage d'ange, ses yeux bleus se remplissant doucement de larmes. Il sentait que tout était sur le point de changer, et il avait peur. "
TJ, on en a déjà parlé, Deacon, maman, toi & moi, on va aller dans une nouvelle maison, dans une nouvelle ville pour le travail à papa. Ne t'en fais pas mon garçon, ça va aller, et puis dès qu'on sera arrivé, on jouera aux voitures tous les deux, c'est promis !" Archie déposa un baiser sur le front de son fils et attrapa le premier carton. C'était parti pour une nouvelle vie... Au revoir Dallas.
Hillston, 1996.Main dans la main, Archie et Cassandra Barnett avancèrent dans la salle à manger, faisant face à leur deux garçons. Deacon avait maintenant 17 ans, tandis que Tyler allait sur ses huit ans. L'aîné posa immédiatement ses yeux sur ses parents, sur cette façon bizarre qu'ils avaient eu d'entrer dans la pièce, sur leurs yeux pétillants et le sourire qu'ils affichaient, cet amour débordant qui l'intriguait alors que TJ ne leva même pas un sourcil, bien trop occupé à dévorer ses céréales, créant un vrai raz-de-marée de lait sur la table. "
Les garçons..." Le cadet releva la tête à l'appel de son père, surpris du ton solennel qu'il avait pris. Cassandra s'assit sur l'accoudoir du fauteuil, Archie, quand à lui, restait debout, en face des enfants, les mains jointes. Il se racla la gorge puis planta son regard dans ceux des garçons. "
Aussi fou que ça puisse paraitre..." Il posa un regard attendri sur sa femme... "
Maman est enceinte ! Vous allez avoir un petit frère ou une petite sœur !!!" Archie ne cachait pas sa joie, il n'avait jamais imaginé qu'il deviendrait père à nouveau mais il recevait cette nouvelle comme un cadeau du ciel, une récompense après tous les sacrifices effectuées, le signe que cette nouvelle vie n'était pas si mal. "
Et vous allez avoir un petit-fils." répondit Deacon alors que chacun essayait déjà de réaliser la première des nouvelles. Les sourires se transformèrent en grimaces, les yeux s'écarquillèrent. "
Qu'est-ce, euh... Qu'est-ce que tu viens de dire Deac' ?" Archie n'en croyait pas ses oreilles et reculait à tâtons pour trouver un bout de canapé auquel se tenir de peur d'en tomber à la renverse. "
Vous avez entendu, Alex est enceinte, c'est un garçon." TJ n'avait pas dit un mot, regardant la scène comme un téléspectateur devant le drama du moment. Brisant le silence et d'une innocence inattendue, il détendit l'atmosphère sans même le réaliser : "
Han mais ça veut dire que les deux bébés deviendront des copains ! C'est trop cool ça ! C'est presque des jumeaux !" La naïveté de son fils fit sourire Archie, qui s'approcha de lui pour lui gratter la tête avant de poser sa main sur l'épaule de Deacon. "
Fils, il va falloir qu'on discute."
Hillston, 2006.Serviette blanche sur l'épaule, chemisette blanche et boléro noir par dessus, nœud papillon noir, TJ apportait leurs cocktails à Amber & Ashlyn, toutes deux bien occupées à peaufiner leur bronzage sur les chaises longues au bord de la piscine du country club, quand il aperçut son petit frère débarquer à toute vitesse en vélo à travers la vitre de l'entrée. "
Sage, qu'est-ce que tu fiches ici ? Je travaille là !" La petite fille de dix ans lui tendit une enveloppe : "
Mais TJ, t'as reçu le courrier, t'as dit que si y'avait une enveloppe avec le logo de la fac, fallait te tenir au courant ! Alors j'ai pris mon vélo..." Son estomac se noua instantanément et il oublia qu'il se trouvait sur son lieu de travail. Son avenir se trouvait dans cet enveloppe. Arrachant le papier, il en sortit la lettre. C'était simple, il avait une chance sur deux. S'il lisait un "félicitations", il pourrait partir à la conquête de ses rêves, mais un "désolé" le condamnerait à rester serveur au country club, ou bien pire, à suivre les traces de son père et devenir plombier. Soufflant un grand coup, il déplia le papier blanc et commença à lire. "
Cher Monsieur Barnett, suite à votre demande de bourses, l'université d'Hillston a étudié votre dossier et a pris la décision de vous accorder une bourse couvrant la totalité des frais d'inscription ainsi qu'une chambre sur le campus. Merci de venir récupérer votre dossier au service scolarité dans le hall du bâtiment Lincoln à partir du 02 Juin." Levant les bras au Ciel, TJ se sentit pousser des ailes. "
Wouhouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu" Hurla-t-il au beau milieu de la terrasse, attirant les regards de tous les abonnés. Alors qu'il exultait, une main se posa sur son dos et une main sur sa joue. Avant qu'il n'ait le temps de réaliser ce qui se passait, des lèvres vinrent manger les siennes avant de s'écarter. "
Je ne sais pas ce qu'on fête, mais je pense que les félicitations sont de rigueur." La jeune femme s'éloigna et retourna se dorer la pilule sur son transat, lançant un dernier regard équivoque à TJ. Sage avait la bouche entrouverte, elle avait l'impression d'avoir regardé un film porno tellement la scène avait été... brûlante. "
Beurk, c'est dégoûtant !!!" TJ, quant à lui, restait immobile, incapable de réaliser ce qui venait de se produire. "
Euh, tu devrais rentrer petit monstre, et fais attention sur la route surtout !". Touchant du bout des doigts ses lèvres, TJ posa son regard sur Ashlyn. Elle le fixait avec un sourire qui en disait long... Essayant de retrouver peu à peu ses esprits, le brun plongea ses mains dans sa poche afin de récupérer son bon de commande et en sortit un papier tout autre. Un petit mot, un numéro de téléphone, et le début d'une histoire, d'une belle histoire, d'un premier amour, celui qu'on oublie jamais parce qu'il a été fort, il a été fou, et parce qu'il a fait mal, très mal.
Hillston, 2008.Chemise impeccable, costume classieux, TJ avait réussi à se libérer pour le gala de charité auquel participait Ashlyn et tous ses amis de la haute. Si le jeune homme n'avait rien des revenus de ses amis, ils avaient fait complètement abstraction de ses origines tant il était devenu évident qu'il faisait partie de leur monde, après tout, lui aussi passait tout son temps au country club, et il était cool ce serveur, il dégageait tellement d'assurance, il déconnait, il avait trouvé sa place parmi ces gens avec qui sur le papier, il n'avait pourtant rien en commun. La fête avait lieu dans la salle de réception de l'hôtel des Hudson, et bien qu'il n'était pas prévu qu'il vienne, le portier le laissa entrer. "
Monsieur Barnett." Le salua-t-il en lui ouvrant la porte. TJ était un habitué des lieux, il y passait la majeure partie de son temps depuis deux ans, et Dieu savait combien ces deux années avaient été éprouvantes, Ashlyn n'était pas des plus simples à gérer. Elle était un peu fofolle, voire même complètement dingue parfois, elle aimait le danger, flirter avec les limites, jouer avec le feu, ça lui donnait l'impression d'exister dans cette cage dorée que représentait sa vie. TJ, lui, c'était un peu ce type qu'elle ne devrait pas fréquenter, ce garçon sérieux mais qui n'a pas un nom qui claque, un mec bien mais pas assez pour une famille comme la sienne, pourtant, ces deux-là vivaient leur histoire, traçaient leur chemin sans rien demander à personne. Ash' était son rayon de soleil, parfois, il avait envie de lui dire de freiner, d'arrêter les conneries, mais en même temps, elle lui apportait la frénésie de la vie au jour le jour, avec elle, tout n'était qu'amusement, et ça lui faisait du bien, c'était ça le bonheur. Lorsqu'il entra dans la salle, des centaines de têtes étaient déjà autour de la piste de danse. La soirée était déjà bien entamée, mais TJ avait travaillé et s'il avait réussi à se libérer plus tôt, il avait tout de même manqué une bonne partie de la fête. "
Tyler, t'es venu mon pote !" Edward lui tapa dans la main puis passa son bras autour de son cou. "Un petit verre bien sûr !" lui imposa-t-il en l'attirant vers le bar. "
T'as pas vu Ashlyn ?" Ne daignant même pas le regarder dans les yeux, bien trop occupé à attirer l'attention du barmaid, Edward lui affirma que non puis finit par claquer des doigts pour faire venir le pauvre garçon outré par tant d'indélicatesse. Avalant d'une traite le whisky pur malt que venait de lui tendre le blond à ses côtés, TJ se leva et parcourut la foule des yeux. Au loin, il aperçut sa moitié s'éloigner, prenant le chemin des toilettes. Touchant sa poche droite, le brun afficha un sourire satisfait et traversa la salle tant bien que mal, se frayant un chemin parmi les invités avant d'atteindre finalement l'entrée du coin pipi. Attendant quelques minutes et voyant qu'elle ne ressortait pas, TJ se décida à entrer, pensant qu'elle devait prendre son temps pour se remaquiller. Pénétrant en terre interdite, personne à l'horizon. Il était pourtant sûr de l'avoir vue entrer. Des petits bruits de claquements attirèrent son attention, puis des chuchotement, des petits cris, des souffles, puis la voix haletante d'Ashlyn : "
Oh mon Dieu Brad', oui..." Son souffle se coupait, elle avait du mal à articuler mais pourtant, TJ recevait chaque syllabe comme un coup de poignard. Elle précisa : "
Tu baises comme un Dieu, j'en ai marre de devoir... Ouh... De... De devoir faire ça vite fait... Oh... C'est trop bon pour arrêter au bout de cinq minutes, viens, ce soir, je serai ta femme objet. J'en ai trop envie, de toi, de ton corps, de..." La suite ? Il ne savait pas, ses eux s'étaient brouillés, son corps figés, il avait perdu les sens, d'ailleurs, il mourrait à l'intérieur, il suffoquait, il se sentait étouffé mais ne pouvait pas esquisser le moindre geste, tétanisé par la colère, la déception, son cœur piétiné par une femme sans scrupule. Dans sa poche, la boîte contenant le collier qu'il lui avait acheté semblait peser une tonne tout à coup. Les cheveux ébouriffés, les lèvres gonflés par des baisers passionnés, Ashlyn finit par sortir des toilettes et trouva son petit ami appuyé contre le lavabo, fixant le reflet de celle qui venait de le détruire à travers le miroir. Il ne dit pas un mot, elle non plus, elle savait que rien qu'elle puisse dire n'effacerait jamais cette image, cette scène, ces voix... Alors elle lui offrit un regard désolé et quitta la pièce, regagnant l'assemblée comme si de rien était, un sourire hypocrite aux lèvres. Tout était fini, rayé d'un traite comme on tourne la page d'un roman de gare.
Hillston, 2009."
Hé toi, mets-moi une bouteille de Jacks s'il te plait !" TJ venait de claquer des doigts pour attirer l'attention du barmaid sur sa table, et ça ne choquait plus personne. A sa table, dans le salon privé du night club, des jeunes femmes toutes plus dénudées les unes que les autres, et Tyler, un sourire pervers aux lèvres. Sur ses genoux, une jolie brune passait ses mains sur son torse tout en lui déposant des baisers dans le cou et en lui soufflant des cochonneries à l'oreille. Se délectant d'une offrande si facile, TJ fit oui de la tête et entraina la jeune femme à l'écart et les caresses s'intensifièrent. "
Tu sais, je chante... J'ai enregistré une démo avec un mec..." Déclara la jeune femme tout en lui déboutonnant son jean et en jouant avec sa braguette. "
Si tu pouvais en glisser un mot à ton frère..." Levant les yeux au ciel, le brun la regarda droit dans les yeux, s'empara de son chemisier déjà à moitié déboutonné et tira dessus avec une force animale, faisant sauter les derniers boutons, laisser porte ouverte sur sa poitrine généreuse dans laquelle il plongea la tête. "
Y'a pas de soucis." Finit-il par répondre, sachant pertinemment qu'il n'en ferait rien, mais peu lui importait, ce soir, ça lui rapportait une nana, et c'était tout ce qui comptait. Un peu plus tard, TJ refit surface dans la boîte, regagnant sa place à la table, satisfait de ce moment de plaisir... Le plaisir, il n'y avait que ça... "
T'étais où ?" Une jolie blonde se précipita sur lui comme un boulet de canon. "
Parti faire un tour." Sa voix était froide et son ton nonchalant, il ne daignait même pas regarder Teresa. "
Et la brune avec toi, c'était qui hein ? Tu me prends vraiment pour une conne Tyler !" Affrontant le regard de sa copine, TJ lui attrapa la main : "
Calme toi ma belle, on passe une bonne soirée, pas besoin de faire de scandale, t'auras ta part ce soir aussi, t'en fais pas pour ça, quand y'en a pour une, y'en a pour cinq." Se levant d'un bond, Teresa le gifla et s'en alla telle une furie. "
Ma foi..." commenta TJ en tapant dans la main de ses potes. Attrapant la bouteille, il avala cul sec quelques gorgées de whisky avant de se lever et de regagner la piste. Soudain, il sentit son téléphone vibrer dans sa poche et s'empara de l'appareil. "
Sage, tout va bien ?" Il se bouchait une oreille pour se concentrer sur la voix qui émanait de son iPhone. "
Très bien, j'arrive, ne panique pas, c'est sûrement rien." D'un geste, il fit signe à ses amis qu'il s'échappait, paya la note et regagna sa voiture avant de se rendre aussi vite que possible à la maison. Courant à l'intérieur, TJ trouva sa petite sœur complètement paralysée dans le salon. "
Tu t'es coupée, dis moi où tu saignes ?" La petite sœur lui indiqua d'un signe de tête son pantalon sur le sol, tâché de sang, et TJ éclata de rire. "
Oh mon Dieu, c'est tellement embarrassant ! Sage... Tu ne meurs pas, tu deviens simplement une femme !" Discrètement, il alla chercher sans la salle de bain des parents de quoi gérer l'inondation et prit sa sœur dans ses bras. "
Je voulais pas réveiller maman, j'avais peur qu'elle me gronde, ce jean est tout neuf et moi je le ruine au bout d'une journée..." Se blotissant dans les bras de son grand frère, elle s'écarta soudainement. "
Tu pues de la gueule TJ, tu sens... le vin ou j'sais pas quoi, c'est dégueu." Secouant la tête, TJ rattrapa sa sœur et serra son visage contre son torse. "
Je sais S., je sais..." Il abusait, il le savait, mais pourtant, il n'arrivait pas à faire autrement, il s'amusait, pas d'attaches, pas de comptes à rendre... Mais elle avait raison du haut de ses treize ans, et d'entendre la vérité sortir de la bouche d'une gamine d'une dizaine d'années lui mettait une grosse claque.
Hillston, 2014.Attrapant son attaché-case, TJ sortit du bureau d'avocats et reprit la direction de la faculté. La journée avait été particulièrement éprouvante, il avait très peu dormi cette semaine, entre la soirée et les devoirs à rendre, son travail et sa capacité d'écoute s'en étaient ressentis. Il était épuisé, mais pourtant, il n'avait qu'une seule obsession en parcourant les allées du campus : Arya. La jeune femme s'était complètement volatilisée après la soirée et sa disparition accaparait ses pensées. Elle aurait pu le remercier quand même, il s'était occupé d'elle, il avait veillé sur elle, cette fille, cette inconnue qui l'intriguait, cette fille magnifique dont tout le monde parlait, la "fille facile" qui lui aurait été facile de se faire, une de plus... Ouais, elle aurait pu devenir un énième nom sur la liste des filles qui sont passés dans son lit, mais sans qu'il ne puisse l'expliquer, l'idée de lui effleura même pas l'esprit, pas qu'elle n'était pas désirable, non, bien sûr qu'elle l'était, mais elle avait ce petit truc en plus dans le regard, cette expression de détresse qu'il n'avait jamais regardé auparavant, peut-être parce qu'il n'y avait pas vraiment porté attention, s'arrêtant à ce qu'on disait d'elle, peut-être parce qu'elle cachait son jeu mieux que personne. A vrai dire, il ne trouvait pas d'explications suffisamment bonnes pour expliquer ce qu'il lui avait pris. "
Ouais allo.... Je t'ai déjà dit qu'il ne s'était rien passé gros, j'sais pas comment je dois te le dire... T'es relou mec, je te le dirai si je l'étais faite, tu sais bien que là-dessus, j'ai pas de... Nan mais t'es sérieux ? Tu me casses les couilles, j'te jure, ferme la ou ça va mal se passer, arrête de parler d'elle comme ça, tu la connais même pas... Vas-y, ta gueule." Son instinct le poussait à la défendre, à la protéger, elle lui avait semblé si innocente, sans défense allongée, endormie dans ce lit, et mieux que personne, il savait que ce genre de comportement extravagant cachait plus que ce qu'il laissait imaginer, il était bien placé pour le savoir. C'était sûrement ça, l'explication. Elle était lui, il était elle. Des gens brisés qui affrontent la douleur comme ils le peuent. Si seulement il pouvait lui parler, la revoir, vérifier qu'elle se sent mieux au moins... Il avait mené son enquête, posé des questions sur elle, faisant enfler les rumeurs suite à leur soirée dans cette chambre, mais sur le coup, il ne réalisait pas l'ampleur que ça prenait, il voulait juste la voir... Elle était en droit, il allait bien finir par la croiser dans le bâtiment, c'était sûr, et s'il fallait faire le pied de grue à la sortie de son amphi, il le ferait. Ouais voilà, c'était décidé, il allait se renseigner et l'attendre. Elle allait bien finir par se pointer en cours, aussi peu sérieuse soit-elle, les examens allaient arriver plus vite que prévu et il faudrait bien qu'elle pointe le bout de son nez. Sur son passage, les gens murmuraient, parfois, il entendait quelques bribes des messes-basses, mais faisait semblant de ne rien entendre... "trainée", "MST", "violeur" même parfois. Sérieusement ? C'était la fois de trop, attrapant le spéculateur par le col, il le poussa contre le mur. "
Violeur t'as dit ? Je l'ai même pas touchée, mais par contre, c'est ta face que je vais violer si tu t'excuses pas de suite espèce de petit con ! Tu me prends pour un daleux ou quoi ? Les filles me mangent dans la main, j'ai pas besoin de les forcer, alors j'attends." Dans les secondes qui suivirent, la foule les entourait déjà. Regardant à gauche, à droite, TJ réalisa que le spectacle qu'il donnait n'allait pas plaider en sa faveur. Relachant son étreinte, il laissa le type partir, profanant quelques menaces de dernières minutes tandis qu'il s'éloignait effrayé. "
Que je te recroise pas surtout !". Faisant face à une trentaine de paires d'yeux interloqués, il leur aboya dessus puis se fraya un chemin, furieux, à travers la foule, passant à côté d'Arya sans même la voir.