SOMETIMES LIE IS BETTER THAN TRUTH. « Maddie qu’est-ce que tu fais là ? Tu devrais être couchée depuis une heure » soupira le père de petite fille blonde, assise sur le toit de la maison. Elle adorait s’y loger pour regarder le ciel, la nuit, et aussi réfléchir à tout et n’importe quoi. Il y avait un risque qu’elle tombe évidemment, mais Maddison avait l’habitude de s’installer là, les soirs d’été. Fort Macden, c’était plutôt calme et beau, elle adorait cet endroit. Pour rien au monde elle voudrait le quitter, bien qu’elle ne sache pas ce que la vie lui réserve. « J’étais en train de… penser » Le lendemain, c’était la rentrée des classes. Le lycée, ce n’était pas une mince affaire. Hillston, elle connaissait bien puisqu’elle s’y rendait depuis toute petite pour aller à l’école. Ces deux petits coins de paradis étaient siens. « J’aimerais que maman soit encore là »  Maddie pensait sa mère morte depuis toujours. C’était ce que son père lui avait raconté, quand elle avait huit ans et que les questions commençaient à la tracasser. Il avait utilisé des mots doux pour expliquer qu’elle avait rejoint le ciel et les étoiles – peut-être que c’était pour ça que ce monde là l’attirait vraiment – et qu’elle veillait sur elle, de là où elle était. Elle l’avait cru. Evidemment, pourquoi est-ce qu’elle ne l’aurait pas fait ? Son père représentait tout pour elle, jamais il n’oserait lui mentir, si ? Maintenant elle avait quinze ans, et malgré cet âge avancé, elle croyait encore à l’histoire de son père. Maddie croyait à une vie après à la mort, et à cette idée qu’on a tous une étoile là-haut. Définitivement trop naïve la blondinette. « Je… Tu sais Mad' que je t’aime énormément, plus que je n’aimerais jamais personne d’autre. T’es mon rayon de soleil, celle pour qui je ferais tout et n’importe quoi… »  Déposant un regard interrogateur sur son géniteur, elle répondit. « Bien sur que je le sais, mais pourquoi est-ce que tu me dis ça là, maintenant ? »  En temps normal, il lui aurait répondu qu’il n’y avait pas de moment particulier pour dire aux gens qu’on aime, qu’on les aime justement. Parce qu’il était comme ça son père, un brin romantique sur les bords, ce qui l’avait toujours fait rire. Avec lui, Em’ n’avait jamais manqué d’amour, c’était certain. Ils n’étaient pas très riches, loin de là, mais ils se débrouillaient comme ils le pouvaient. « Je t’ai menti Maddie. Je sais que je n’aurais pas du mais… je pensais que pour ton bien, il valait mieux que tu crois que ta mère est morte »  Il ne mâchait plus ses mots, comme auparavant. Il lui parlait franchement, comme si elle était son égal. Les yeux écarquillés, la blondinette prit sa tête dans ses mains. Elle n’y croyait pas vraiment. « Qu… Quoi ? »  Elle n’avait pas tout saisi. Est-ce qu’elle avait bien entendu ? « Ma mère n’est pas morte ? Et elle est où alors ?! »  Et là, il lui avait expliqué. Que sa mère les avait abandonnés alors qu’elle n’avait que deux ans. Pas assez grande pour s’en souvenir bien sur, elle tombait de haut. Il n’avait donné aucune raison à sa fille, parce qu’il n’en avait pas. Elle les avait quittés sans un mot, du jour au lendemain. Abandonnés. Alors elle n’était pas au ciel et ne veillait pas sur elle. Elle n’en avait même rien à faire de sa fille. Et c’était tout ce que Maddie retenait de cette histoire.  

GOOD NEWS. Elle n’avait pas demandé d’autres explications à son père depuis ce jour. Et à vrai dire, elle n’en voulait pas plus. Pour Maddie, cette femme n’avait rien à voir avec elle. Elle n’était que sa génitrice et rien d’autre. La seule famille que la blondinette avait, c’était Léo, son père. L’homme de sa vie en soi. Elle n’avait d’ailleurs pas peur de le dire haut et fort. Maddison ferait tout pour lui, et inversement. « Papa, j’ai quelque chose à t’annoncer ! » La jeune femme venait tout juste de rentrer de son premier jour à l’université. « Moi aussi Mad' » Il souriait. C’était plutôt bon signe non ? Heureusement qu’elle n’avait pas à lui annoncer une mauvaise nouvelle du genre ‘je vais me marier’ ou ‘je suis enceinte’, non ça, ça n’était pas prêt d’arriver. Elle n’avait personne dans sa vie pour le moment, et c’était mieux ainsi. « Vas-y le premier ! » [/color] demanda t’elle à Léo. « Non, toi d’abord » Soupirant, ils n’étaient pas croyables tous les deux, elle annonça la couleur. « J’ai trouvé un emploi ! Je sais, tu te dis que je n’étais pas censé trouver un job vu que je suis à l’université mais, je peux faire les deux ! Je travaille au ranch du vieux Hill, il a besoin de main d’œuvre pour s’occuper des chevaux » Les chevaux, c’était sa passion depuis longtemps. En même temps, quand on habitait Fort Macden, difficile de ne pas aimer ces fabuleuses bêtes. « En plus, ça me permet aussi de monter Tonnerre » Tonnerre, c’était son cheval. Elle l’avait sauvé d’un incendie qu’il y avait eu dans un ranch voisin. Il avait été fort blessé, et son propriétaire qui pensait ne plus pouvoir en faire quelque chose (Tonnerre étant un ancien champion d’obstacles), il l’avait légué à Maddie. Depuis, elle en prenait soin comme de la prunelle de ses yeux. « C’est super Maddie… mais je ne veux pas que tu travailles pour moi. C’est à moi de subvenir à tes besoins, à te payer les études de ton choix » Il soupira. Sa fille était la fille la plus courageuse du monde, il n’y avait pas de doute. « Papa, j’ai dix neuf-ans et je suis capable de travailler aussi alors laisse moi faire ! S’il te plait… » Elle le regardait d’un air suppliant et mignon. Impossible de lui résister, c’était certain ! Puis elle préféra changer de sujet, vu que de toute façon, il ne changerait rien à sa décision de prendre les choses en main. « Et toi alors, tu avais quoi à me dire ? » demanda t’elle, un sourire sur les lèvres. Il avait bien dit ça non ? Qu’il avait quelque chose à lui dire. Alors elle attendait. « Hm… j’ai rencontré quelqu’un Mad' et c’est plutôt sérieux » En effet, ça devait l’être, parce que même si ce n’était pas la première histoire depuis sa mère, il ne lui avait jamais parlé comme ça. « C’est vrai ?! Je suis heureuse pour toi papa, vraiment ! C’est qui, je la connais ? » Elle lui avait sauté dans les bras, comme une gamine l’aurait fait. Jamais elle n’aurait imaginé que la personne qui partageait la vie de son père n’était autre qu’un homme..

LOVE SUCKS. Il avait un fils. Cet homme dont son père était tombé amoureux avait lui aussi eu une famille avant de se rendre compte qu’il était gay. Et il avait un fils de l’âge de Maddie, Jude. Ils auraient très bien pu ne pas s’entendre et à vrai dire, cela aurait peut-être arrangé les choses. Maddie aurait préféré détester ce garçon plutôt que de le désirer comme elle le faisait. Il n’y avait rien de mal à ce qu’ils sortent ensemble, n’est-ce pas ? Leurs deux pères entretenaient une relation, mais ils n’avaient aucun lien de sang commun. Maddie et Jude n’avaient pas mis longtemps à s’apprécier, à finalement devenir un couple à leur tour. Ils n’avaient d’abord rien dit à personne mais le père Whitehill s’en était rapidement aperçu. Il connaissait tellement bien sa fille que son bonheur paraissait évident. Et malgré qu’elle la soit plus heureuse du monde aux côtés de Jude, cette histoire posait problème. Maddie se fichait pourtant pas mal de ce qu’on pouvait raconter sur elle à Hillston ou à Fort Macden. Parce que oui, les gens parlaient, et la réputation de cette famille n’était pas la meilleure du monde. Un père homo, une fille qui sort avec celui que certains pourraient considérer comme son demi-frère. La bonne image. Quoiqu’il en soit, Maddie était bien décidée à vivre comme elle l’entendait, sans se soucier du regard des gens. Sauf que son père lui, semblait moins enthousiaste que ça. Ca le touchait ce qu’on pouvait raconter dans son dos, et il avait beaucoup de mal à encaisser. Plusieurs fois, il lui avait demandé de rompre avec Jude, que cette histoire ne rimait à rien. Mais il ne comprenait pas que Mad' était réellement amoureuse de ce garçon. Il était son premier grand amour, son premier amour tout court. Jamais elle n’avait ressentie ça auparavant. Elle se sentait bien. La blonde refusait catégoriquement de changer ça, juste parce que la majorité des gens trouvait que c’était mal. Un soir pourtant, Maddison et Jude passaient une bonne soirée, à la maison, tandis que leurs pères étaient sortis. « Mad', faut que j’avoue un truc… » Cela n’annonçait rien qui aille. « Oui ? » Ils étaient tous les deux dans le canapé en train de regarder la télévision. Comme un joli petit couple amoureux.  « Tu sais, pendant ce mois que j’ai passé chez ma mère à New-York.. » commença t’il en baissant la tête, alors qu’elle prit la peine de lui relever le menton.  « Je suis… je suis sortie avec une autre fille là-bas » Elle avait rigolé, certainement de ne pas avoir bien entendu. « C’est une blague Jude ? Hein, c’est une blague ? Y’a une caméra cachée quelque part, tu me fais une farce c’est ça ? » demanda t’elle, commençant à perdre son sang froid. « C’est pas une blague Maddie, je suis désolé.. » Il n’avait pas osé… Comment avait-il pu lui faire une chose pareille ? Alors qu’il essayait de l’attraper pour la prendre dans ses bras, pensant que cette tromperie passerait comme une lettre à la poste, elle le gifla. Pas fort, néanmoins, bien assez pour lui faire comprendre son intention. « Sors d’ici Jude, je t’en prie, sors d’ici, et laisse moi tranquille ! Dehors ! » Il habitait en partie ici maintenant, bien oui l’inconvénient de sortir avec son presque demi-frère. Pourtant il était sorti, se rendant bien compte que la blonde avait besoin de respirer. Et de digérer la nouvelle. Elle avait passée des heures à pleurer avant que son père ne rentre à la maison, en compagnie de son ami, et ne découvre la blondinette dans le canapé. « Mad' ça va pas ? » Pris d’une colère noire elle se leva en criant : « Vous avez gagné ! Jude et moi c’est terminé, vous êtes contents ?! Vous avez eu ce que vous voulez, alors maintenant lâchez-moi ! » Elle avait pris ses affaires et était sortie, direction le ranch du vieux Hill, où Tonnerre l’attendait pour la réconforter.  

DON'T CRY BECAUSE IT'S OVER, SMILE BECAUSE IT HAPPENED. Fâchée contre son père, plus de petit-ami et en prime des nouvelles de sa mère qu’elle avait cru morte pendant des années avant d’apprendre que celle-ci l’avait abandonnée, voilà à quoi ressemblait la vie de Maddison aujourd’hui. Elle n’avait parlé à personne de cette lettre, qu’elle osait relire chaque jour. Une lettre qui disait qu’elle avait envie de la revoir et de refaire surface dans sa vie. Une chose qu’elle aurait désirée plus que tout au monde, avant. Mais les choses avaient changés et désormais, Maddie se contentait de ce qu’elle avait. C’était comme ça qu’elle avait été élevée, dans cette ambiance qu’elle avait grandie. Et en aucun cas, elle n’avait envie que ça change. Bien que la vie de la blonde était quelque peu perturbée en ce moment. Rentrant de l’université où elle suivait toujours ses cours de musique – sa passion ne s’estompait pas avec le temps – elle avait reçu cet appel téléphonique qui allait bouleverser une nouvelle fois ces plans. « Allô ? Oui Monsieur Hill, c’est bien Maddie […] bien sur, je comprends totalement… je viendrais chercher mes affaires ce soir. » Elle n’avait rien ajouté avant de raccrocher. C’était son patron, là où elle travaillait depuis des années maintenant, et où Tonnerre logeait. Malheureusement, les moyens manquaient à ce vieil homme pour pouvoir encore payer Maddie pour ses heures de travail et il avait du la licencier. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, mais elle était déçue. Horriblement déçue. Avec ce travail, elle avait eu un minimum d’indépendance et là, tout s’écroulait. Elle voyait sa vie changer – en mal – depuis des semaines et ça ne lui plaisait pas du tout. Soupirant, elle entra chez elle où elle vivait encore avec son père. Comme une petite fille oui, mais étant encore à l’école, elle ne voulait pas quitter tout comme ça. Surtout qu’elle venait d’apprendre que son père était malade… un Alzheimer précoce selon les médecins. Il avait commencé par ne plus savoir où il avait rangé les clés, puis ses affaires. Il était sorti une fois en pyjama dans la rue, pensant qu’il était habillé. Il lui arrivait de confondre Maddie avec son ex femme, la mère de la blonde, et parfois même, il en venait à oublier qui il aimait et son homosexualité. De quoi faire un peu peur à Emmy qui se disait pourtant que tout ça n’était pas grand-chose. Que ça allait passer. Il était hors de question pour elle d’enfermer son père à l’hôpital, ou dans un autre établissement du genre. « Tomàs est là ? » demanda t’elle à son père, parlant du petit-ami de ce dernier. Son beau père entra dans le salon pour confirmer sa présence. Au moins avec lui, son père ne risquait rien. « Ne m’attendez pas pour diner, je vais passer la soirée au ranch. Je suis virée, le vieux Hill n’a plus les moyens de me payer. Je pense faire mon travail une dernière fois aujourd’hui et après… on avisera » fit-elle en haussant les épaules. Maddie ne roulait pas sur l’or malheureusement et allait devoir se débrouiller, une nouvelle fois. On ne changeait pas les mauvaises habitudes.