HAPPINESS ONLY REAL WHEN SHARED
La seule pensée qui me traverse lorsque je vois l’énorme bâtisse est que cette maison est gigantesque et que la moitié des pièces de celle-ci ne doivent certainement pas être utilisées voire même pas visitées.
Ces riches, toujours à faire tout en grand et n’utiliser que la moitié.. Cependant je n’ai pas vraiment à me plaindre car de toutes les familles que j’ai faites et dieu sait que j’en ai faites un tas, celle-ci semble plus ou moins correcte sous ses airs de famille parfaite. Vous voyez le genre ? La petite famille américaine pleine aux as, 4 gosses, tous faisant des études brillantes. L’un des fils fait médecine, l’autre politique, puis une des filles doit surement faire le droit et dans le lot il doit bien y avoir le vilain petit canard, la petite dernière surement. Celle qui fait partie d’un groupe de musique et qui, au lieu d’être fourrée dans ses cours, dessine à merveilles et rêve d’en faire son métier mais non, elle est surement forcée de faire l’université et d’étudier un truc bien chiant. Je suis surement mal placée pour émettre un quelconque jugement sur cette famille qui a si gentiment accepté de m’adopter mais il faut avouer que perchés tous les six sur le porche de leur maison, attendant patiemment que je sorte de la voiture, ils correspondent parfaitement au stéréotype de la famille américaine ‘’parfaite’’.
« Je suis sûre que tu seras très bien mise ici.» Je ne peux m’empêcher de ricaner et de lever les yeux en l’air. Oh ma chère Carol, si tu savais le nombre de fois où l’on m’a sorti cette phrase.
« L’espoir fait vivre n’est-ce pas ? » Dis-je non sans sarcasme. J’entends Carol souffler lourdement mais elle ne relève pas ma phrase, au contraire, elle ouvre sa portière ainsi que la mienne et me force à sortir. J’attrape les bagages qui sont sur le trottoir, inspire un grand coup et me dirige vers ma nouvelle famille. J’essaie de placer un semblant de sourire sur mon visage mais à voir la tête de Carol je me doute bien que mon sourire a l’air aussi faux que ses mèches blondes platines. Au moins, j’aurais essayé, on ne pourra pas dire que je n’ai pas fait d’efforts.
« Monsieur et Madame Harendale, je vous présente Serena. » Sur ce, je m’avance et me présente auprès de ma famille. Les deux adultes ont un immense sourire placardé sur le visage et la mère m’étreint même ce qui me fait sourire, cette fois-ci, c’est un vrai sourire. Comme quoi la tenue ne fait pas le moine.
« Tu me passeras tes feuilles ? » Je souffle d’exaspération tandis qu’il m’offre son sourire innocent que je commence à connaître.
« T’es vraiment mais vraiment un gros fainéant, j’ai jamais vu ça. » Je dis, secouant ma tête tout en le regardant, il me fait un clin d’œil puis se retourne et continue à écouter le cours. Le bruit de la sonnerie sonne la fin du cours et je me mets à ranger mes feuilles de cours lorsque je sens une présence devant moi. Je ne lève même pas les yeux car je sais déjà qui c’est.
« Ouais, j’vais te donner mes feuilles.. » Je souffle à nouveau et lui tend le paquet de feuilles écrites soigneusement pendant ces deux heures de math.
« Merci ! Tu manges à l’école aujourd’hui ? » Je finis de déposer mes affaires dans mon sac, je vois que la prof attend patiemment que l’on finisse de ranger nos affaires, je me dépêche donc.
« Nan, je pense sortir me prendre un sandwich. » En temps normal, mes amies m’accompagnent mais elles ont toutes un contrôle à rattraper sur le temps de midi, un truc du genre, je n’ai pas trop demandé je l’avoue. Il dépose alors son bras autour de mes épaules et je ne peux m’empêcher de le regarder en haussant un sourcil. Il hausse les épaules et m’offre son sourire d’ange.
« Parfait, j’viens avec toi dans ce cas. » Je lève les yeux au ciel et tente de me dérober mais son bras musclé m’en empêche.
« Qui te dit que j’ai envie que tu viennes avec moi ? Et puis, t’as pas une meuf toi ? » On est à présent hors de l’école et on se dirige vers la sandwicherie habituelle. J’aime bien y aller, la proprio est super sympa, elle nous fait souvent des prix et la bouffe y est délicieuse.
« Me dit pas que t’as envie de manger toute seule. Non, c’est fini. » Sur ce, je ne peux m’empêcher de ricaner. Il enlève son bras et me fixe avec un regard interrogateur.
« Elle en a finalement eu marre de toi et ton sale caractère. Je comprends même pas comment elle a tenu aussi longtemps. » Je me mets dans la file qui est, malheureusement, assez longue. J’ai horreur des files, j’ai horreur d’attendre..
« Ha-ha-ha. Franchement, très comique Serena .» Je le regarde avec un sourire narquois, lui faisant bien comprendre que je rigole. Même si c’est un chieur incorrigible, qu’il est narcissique au possible et puis plus paresseux que l’animal du même nom, j’avoue que mes cours de chimie, math et anglais ne seraient pas pareils sans lui.
« J’ai peur de pas avoir mon diplôme.» me dit celle que je considère comme ma meilleure amie. Nous sommes installées sur mon lit en train de regarder How I Met Your Mother, sur le coup, je mets pause et la regarde comme si une deuxième tête lui était poussée sur la tête.
« Dis pas de conneries, bien sûr que tu vas l’avoir ton diplôme. Si pas, c’est pas ton père qui va te botter le cul mais moi ma fille. »Elle se met à rire mais je sens dans son rire un petit stress.
« Bon allez, pourquoi tu penses que tu vas rater ? » Je la connais bien, elle est brillante et travaille très bien alors je ne comprends pas les raisons de son inquiétude.
« Je sais pas, j’ai l’impression que j’ai raté mes examens. » Je lève les yeux en l’air avant de lui donner une légère baffe derrière la tête.
« T’es conne ou tu le fais exprès ? On a révisé ensemble, tu peux pas avoir raté tes examens, tu connaissais tout par cœur. » Elle me regarde en pinçant ses lèvres. Je doute que ses paroles s’avèrent être véridiques mais de toute manière, nous serons très vite fixées puisque la proclamation a lieu aujourd’hui, dans exactement quelques petites heures. Et ses petites heures finissent par filer à une vitesse grand V. Si bien que je suis assise sur mon siège, attendant patiemment que mon nom soit cité.
« Serena Harendale.» Je me lève tandis que j’entends déjà mes frères et sœurs m’acclamer, un immense sourire illumine mon visage et je me dirige vers le podium, mon cœur bat la chamade. Le grand jour est arrivé, je suis enfin diplômée, je peux à présent rentrer à l’université. Une fois à la sortie, je repère une chevelure qui m’est familière et je cours vers celle-ci.
« Alors espèce d’idiote, tu l’as eu ton diplôme ! » Je m’exclame aux anges. Elle se retourne et me prend dans ses bras.
« Oui ! Je n’y croyais pas ! » Je rigole doucement et la serre également dans mes bras.
« T’es vraiment bête, comme si tu n’allais pas l’avoir ! » Dis-je avant de poser un bisou sur sa joue. Il est temps pour moi de rejoindre ma famille qui attend patiemment à quelques mètres que je les rejoigne. Je me retire de l’étreinte et marche tout sourire vers eux. La première personne que j’étreins est mon frère aîné, Teddy. Ensuite c’est au tour de mes parents et du reste de mes frères et sœurs. Finalement, cette famille est probablement l’une des meilleures choses qui me soit arrivée, j’ai énormément de chance de les avoir.
« Dis moi que tu te fous de ma gueule. » Je demande le plus sérieusement du monde. J’espère vraiment qu’il se fout de ma gueule. Si c’est une blague, elle est franchement de mauvais goût.
« Je suis désolé Serena. » Désolé ? C’est tout ce qu’il trouve. J’ouvre grand les yeux et décide de m’asseoir parce que j’ai besoin de m’asseoir pour digérer la nouvelle.
« T’es vraiment un gros connard en fait. » Plus aucun filtre n’est présent dans mon cerveau et je risque de sortir tout ce qui me passe par la tête, vulgaire ou pas. Non mais ce mec est un véritable connard.
« Tu m’embrasse et me demande de t’attendre et tu reviens 6 mois plus tard au bras d’une pin-up de merde et fiancé à cette poufiasse qui plus est. » Mon ton se hausse et la colère monte. Je n’en crois même pas mes oreilles, j’espère que c’est une blague. Il n’ose même plus me regarder dans les yeux à présent. Quelle conne, j’aurais dû m’en douter.
« C’est pas aussi simple que ça.. » Je ne peux m’empêcher de ricaner.
C’est pas aussi simple. Non mais quel con, il mérite juste mon poing dans sa gueule d’ange.
« Non mais toi le cerveau c'était en option chez toi. T'as juste une belle gueule mais le reste, c'est inexistant quoi. Tu t'es juste bien foutu de moi et comme une grosse conne je t'ai cru. Je te faisais confiance même.» Il secoue sa tête et enfuit son visage dans ses mains. Quelques secondes se passent avant qu'il relève la tête.
« J'ai pas le choix Serena. Mon père m'a forcé. Soi disant que son père est hyper influent et que ça va aider mon père dans sa campagne électorale. » Il marque une pause avant de reprendre la parole.
« Je veux toujours construire quelque chose avec toi. On pourrait essayer, se cacher. Je ne veux pas te perdre. » Il tente de poser sa main sur la mienne et là, c'en est trop pour moi, ma main part sans même que je puisse la retenir et vient se poser avec force sur sa joue.
« Tu m'as prise pour qui là? Me dis pas que t'as cru l'espace d'un instant que j'allais accepter d'être ta maîtresse. Alors là, tu m'as prise pour la dernière des idiotes. Va voir ailleurs si j'y suis. T'es vraiment qu'un pauvre type.» Sur ce, j'attrape mon sac et quitte le café sans même jeter un regard derrière moi.
Les examens approchent à grand pas et je sens déjà la pression monter. Bon certes, je n'ai pas vraiment de difficulté, bien que l'université soit fort différente du lycée, mais je dois tout de même bosser si je veux atteindre les résultats escomptés. Alors que je tape rapidement sur mon clavier d'ordinateur, une paire de mains se posent sur mon visage.
« Mademoiselle Harendale nous fait l'honneur de sa présence dans la bibliothèque. » Je souffle une fois cette voix bien trop familière reconnue.
« Si j'avais su que j'allais encore me faire emmerder par un chieur pareil je serais restée chez moi. » A ces mots les mains se retirent de mon visage tandis qu'il prend place à mes côtés.
« Fais pas genre, je sais que tu m'adores. » Et sur ce, il m'offre son sourire d'ange que je ne connais que trop bien. Il se penche alors et regarde mon syllabus, cet idiot n'est même pas en médecine et je suis certaine qu'il ne comprend même pas la moitié des termes.
« Dans tes rêves ça. Et fais pas comme si tu comprenais ce que tu lis, c'est de la biologie. C'est pas plutôt les maths et la physique ton domaine, monsieur l'ingénieur? » Il relève la tête et me fait une merveilleuse grimace qui me fait sourire. Je décide de le laisser faire et continue de taper sur mon ordinateur.
« Et pour ta gouverne, madame je-suis-une-surdouée-et-je-sais-tout-mieux-que-tout-le-monde, je comprends parfaitement ce que je lis. La mitose et méiose c'est niveau gardienne quand on a étudié les sciences fortes au lycée. » Je souffle lourdement avant de le regarder tout en continuant de taper sur mon clavier. Bah oui, à force d'écrire on commence à connaître les touches par coeur.
« Ferme-la un peu veux-tu. Certains essaient d'étudier ici. » Bien évidemment, étant très mâture, il se met à m'imiter et à faire des mimiques et je décide de ne rien relever, histoire d'être tranquille.
« Non mais j'suis ici pour te proposer d'aller manger un bout un de ces quatre. J'ai l'impression que ça fait mille ans qu'on s'est plus vus et même si ça me fait mais vraiment chier de l'avouer, tu me manques. » Je ne peux empêcher le sourire qui se forme sur mon visage, c'est vrai que cela fait longtemps que l'on ne s'est plus vus ou que l'on a fait quelque chose ensemble.
« Je sais paaaaas.. Faut que je regarde mon agenda. » Je le taquine bien évidemment et à en juger par le sourire qu'il m'offre, il a compris.
« Donc demain soir, adjugé vendu. Et n'essaie même pas de te dérober, s'il le faut je te sors par la peau des fesses. » Il dépose un bisou sur ma joue avant de se lever et quitter la bibliothèque me laissant ainsi seule avec mes cours.