HAPPINESS ONLY REAL WHEN SHARED
« Monsieur Malcolm ? » prononça un homme à la blouse blanche, l'air sombre, faisant sursauter l'homme assis sur une chaise dans le couloir à la luminosité trop forte pour ses yeux fatigués. Il se leva vivement. Ses mains étaient moites et il se vît contraint de les essuyer sur son pantalon de toile en s'approchant de l'obstétricien. Ce dernier croisa les doigts, et posa ses mains contre son ventre. Laissant ses pouces libres, il jouait avec ces derniers nerveusement, bien qu'il essayait d'être le plus neutre possible. « Nous sommes désolés... Les complications avaient déjà pris trop de l'énergie de votre femme et.. nous n'avons pas pu la sauver. Son coeur s'est arrêté. » Le visage de Jonathan se décomposa. Sa compagne venait de s'éteindre. Quelle était la réaction qu'il devait avoir ? Pleurer ? S'effondrer ? S'évanouir ? Il y eût un peu de tout ça. Il tangua légèrement et dût se rasseoir alors que ses joues étaient déjà noyées de larmes. Il prît son visage dans ses mains, le frottant vivement avant d'aller agripper ses cheveux courts. Il pinça les lèvres, forts, pour ne pas laisser échapper un sanglot. Il détestait cette situation, être aux yeux du monde alors qu'il craquait, qu'il était en position de faiblesse. Qu'il pleurait. Il sentait le regard du chirurgien posé sur lui et il ne pût se résigner à le regarder à nouveau. Il souffla malgré tout pour apaiser comme il le pût ses sanglots. Levant les yeux au ciel comme pour empêcher d'autres larmes de couler, il souffla à nouveau. « Et le bébé ? » parvînt-il à prononcer, la voix brisée et tremblante. Il avait réussi à se rappeler dans son chagrin dévastateur que malgré tout, il y avait une autre personne prise dans la situation. Son enfant. « Elle va bien. » Il soupira de soulagement et essuya son visage dans tee-shirt. Il faisait une chaleur étouffante. Il se sentait oppressé. « Est-ce que je peux la voir ? » demanda-t-il après un moment de silence durant lequel il reprenait doucement ses esprits comme il le pouvait. « Bien sûr... » et le médecin guida Jonathan jusqu'au couffin de la pouponnière de l'hôpital. Lorsqu'il vît cette petite créature, tellement petite, il se demanda comment il était possible que la naissance de cette crevette ai pu atteindre son épouse à cette puissance, jusqu'à la tuer ? Puis il se reprît. La petite n'y était pour rien. Absolument rien. Elle-même avait failli y passer. Mais elle était là, en bonne santé. Lentement, Jonathan tendît les mains vers le petit lit et prît avec précaution la petite poupée qui s'y trouvait. Il la rapprocha de son torse et caressa son crâne presque chauve. Elle était belle. Il n'avait jamais rien vu d'aussi beau. Il frôla son petit nez et sourît doucement alors qu'elle soupira. Il la rapprocha de son visage et embrassa son petit front. Elle semblait si fragile... Elle était si légère... Il aurait presque eût peur de la briser. Et malgré toute la peine qu'il ressentait pour la mort de sa femme, il était partagé avec la joie de tenir sa fille dans ses bras pour la première fois. Et la joie d'être père.
« Papa ! Papa ! Papa ! » hurla-t-elle en sautant sur lit de l'homme endormi encore quelques secondes auparavant. Il grogna et cacha son visage sous son oreiller. « Jean, s'il te plaît... On est dimanche. Papa aimerait faire dodo. Je t'ai dit que tu pouvais manger les Cheerios au petit-déjeuner si tu voulais. Le dimanche matin tu as le droit de manger ce que tu veux, en dehors de ce qui est prévu pour midi. » La petite de cinq ans gloussa. Chaque dimanche, c'était le même cinéma. Et même si elle pouvait se débrouiller comme une grande, elle préférait venir réveiller son papa en fanfare pour pouvoir passer la majeure partie de la journée en sa compagnie. Elle grimpa sur son ventre et tapota ses pectoraux de ses petites mains. « Mais papaaaaa ! » chouina-t-elle pour l'amadouer avant de tirer sur la taie d'oreiller. Jonathan soupira, abandonnant l'idée de dormir quelques minutes de plus et l'air endormi, fixa la tête blonde aux yeux bleus juste sous son nez. Cette dernière lui souriait de sa bouche édentée et il ne pût résister à l'envie de la prendre contre lui, pour embrasser son front. « Tu as bien dormi ma puce..? » demanda-t-il en caressant les bouclettes de la petite fille. C'était incroyable de voir à quel point elle ressemblait à sa mère. S'il avait imaginé qu'elle porterait le prénom de sa défunte épouse aussi bien... L'enfant acquiesça et colla un gros baiser sur la joue de son papa adoré. « Y'a la Formule 1 aujourd'hui ! Viens viens viens !! » Elle se leva et courût jusqu'au salon. Quand Jonathan la rejoignit, elle était en train de bidouiller la télécommande, geignant alors que l'écran restait obstinément éteint. « Ma puce, tu sais bien que papa débranche les objets électroniques avant d'aller au dodo. Il faut rebrancher la télé. Un peu de patience. » Il le fît et rît en voyant l'air victorieux de sa gamine alors que la chaîne affichait enfin ses couleurs sur la boîte magique. Elle se hissa dans le canapé et se tourna vers l'écran, l'air impatient, ses petites mains croisées sous son menton. Elle adorait, tout comme son père, les courses automobiles. Il l'avait emmené plusieurs fois là où lui même pratiquait, la laissant quelques instants sous la surveillance d'un de ses amis. Et s'il avait pu voir l'expression émerveillée de la petite Jean alors qu'il faisait des tours de pistes avec de beaux dérapages et de la fumée volant partout, dans une voiture brillante de rouge, de noire ou de jaune, il ne se serait plus arrêté. « Un jour moi aussi je ferai de la course de voiture ! » s'enthousiasma la petite-fille en sautillant sur le canapé. « Chut ! Ca commence ! » ajouta-t-elle et elle se reconcentra sur l'écran tandis que son père allait, en riant doucement, préparer le petit-déjeuner.
Elle secoua ses cheveux alors qu'elle retirait son casque. Soufflant elle passa une main dans ses mèches fluides en s'approchant de son père. « Alors alors ? J'ai fait quel temps ? » s'enquît la jeune femme de presque vingt-ans. « T'as encore battu ton record ma puce, t'es vraiment géniale. » Et le compliment fît rire la blonde qui serra son papa dans ses bras. « Ouais, mais je peux encore faire mieux. Il faut juste que je m'entraîne. Les sélections pro sont dans pas longtemps. Faut que je sois prête. » Elle ouvrît sa combinaison sombre, dévoilant ses sous-vêtements sans aucune gêne. Souriant en voyant Emmett un peu plus loin elle s'avança vers lui rapidement et le serra rapidement dans ses bras. Son ami lui rendît l'étreinte avant de se détacher doucement. « J'ai pu voir les deux derniers tours d'ici. » lui confia-t-il et Jean tapa dans ses mains joyeusement. « Alors alors ? T'es bluffé pas vrai ? » C'était la première fois qu'elle invitait son meilleur ami à la regarder conduire et elle attendait ses réactions comme un gosse attendrait son cadeau de Noël. Le jeune homme lui sourît brièvement et haussa les épaules. « Ca va vite. Très vite. » conclût-il et Jean en perdît un peu son sourire. « C'est tout..? » lâcha-t-elle d'une voix terne. Elle aurait voulue qu'il s'extasie au moins un peu. Elle aurait voulu l'impressionner. Au lieu de ça, il lui sortait une banalité. « Désolé Jean... c'est juste que.. c'est pas le genre de truc qui me.. botte. » avoua-t-il sans tergiverser, haussant à nouveau les épaules. Elle soupira et attacha ses cheveux avec un élastique toujours à son poignet. Elle aurait tellement voulu de lui une autre réaction, plus enjouée. « Mais t'as l'air bonne ! Enfin j'peux pas en être certain mais ça avait l'air.. un peu fou vu d'ici. » Elle sourît malgré tout et embrassa sa joue. Elle savait qu'il n'avait jamais accroché à tout son "délire" sur la vitesse et les voitures de course. Il acceptait déjà qu'elle en parle à tout bout de champ sans s'en plaindre alors de son côté, elle n'allait pas se plaindre non plus de son désintérêt. Tout le monde n'aime pas toujours les mêmes choses. « Tu passes à la maison ? Le temps que je me change et mon père nous ramène. » lui proposa-t-elle, ouvrant un peu plus sa combinaison et attrapant une bouteille d'eau pour en vider la moitié presque d'une traite. De ce fait, elle ne remarquait même pas le regard curieux de son ami qui se reprît bien vite avant qu'elle ne le voit. « Ouais, avec plaisir. J'vais aller le saluer. » Et il partît à la rencontre de Jonathan avec qui il s'était toujours parfaitement bien entendu. Jean sourît doucement en regardant la scène. Elle aimait réellement le fait que deux des personnes qui comptaient le plus pour elle aient de telles affinités. Alors certes, pas la course automobile mais des tas d'autres choses, comme le rock, les femmes, les vieux films... De toutes manières, il était logique que Jean soit si proche d'un garçon qui ressemblait autant à son papa avec qui elle avait toujours eût une relation fusionnelle. Et ce, même depuis qu'il s'était remarié quand elle avait huit ans. Contrairement à d'autres dans la même situation, elle avait très bien vécu l'arrivée de cette femme dans sa vie et surtout dans le lit de son géniteur. Elle était juste heureuse de le voir heureux. C'était tout ce qui avait compté sur le moment, quand il lui avait annoncé, avec beaucoup de tact l'arrivée de Judith dans leur existence. Le duo devînt alors trio. Et même si pendant l'adolescence, des conflits avaient pu éclater entre Jean et sa belle-mère, ça n'avait jamais été irrémédiable. C'était une passade naturelle de l'enfance à l'âge adulte et il fallait qu'une figure d'autorité en souffre. Malgré ça, elles s'entendaient extrêmement bien, et bien que Jean n'arrivait pas à l'appeler "maman", elle la considérait comme telle puisque Judith n'avait pas hésité à s'occuper d'elle comme de sa propre fille. Sans enfant, la petite fille et maintenant jeune femme avait comblé ce vide. Et l'absence d'une mère pour la blonde s'était trouvé plus supportable, même si avec un père aussi aimant, ça n'avait jamais été vraiment pénible. Elle était une jeune femme épanouie et avait été un enfant très chanceux. Et c'est grâce à la présence de ces personnes qui comptaient.
Si Jean devait vous raconter sa rencontre avec Emmett elle vous répondrait sans même avoir à réfléchir. Elle vous dirait « Patatra ! » avant de rire car ce souvenir la faisait toujours éclater de rire. Elle s'en souvenait comme si c'était hier. Et depuis il ne s'était plus quitté d'une semelle. Elle avait quinze ans à l'époque et rentrait à peine au lycée tandis qu'il y était depuis déjà un an. Elle était d'ailleurs en retard. A peine une semaine après le début des cours. Et Emmett aussi. La ponctualité était et reste une qualité que ces deux jeunes gens ignorent. Elle courait comme une dératée depuis l'arrêt de bus en direction des grilles sans remarquer qu'il faisait de même depuis l'appartement où il vivait avec ses parents. Et alors qu'elle passait le portail, entendant la dernière sonnerie retentirent, elle se retrouva tirée en arrière et sur le cul. Elle avait en effet accrocher dans sa précipitation la lanière de son sac à la branche d'un des arbres qui bordaient l'entrée de la cours. Un peu sonnée, la demoiselle mît un temps avant de tenter de se relever. Mais le jeune homme qui était plongé dans la rédaction d'un texto pour charger un de ses camarades de classe de prévenir le professeur de son retard ne la vît pas. Il trébucha sur la jambe de la jeune femme et s'étala de tout son long sur le bitume. Il geint doucement avant de grogner en se redressant, fixant ses mains râpées. Jean se releva rapidement et s'approcha. « Ca va ? Tu t'es fait mal ? » le questionna-t-elle, l'air un peu inquiète et tout aussi surpris que lui par les évènements. Il frotta ses mains sur son jean pour faire passer la douleur. « Ca va.. rien de grave mais... qu'est-ce que tu faisais par terre ? Tu bronzais ? » lui demanda-t-il à son tour, un peu vexé au fond de s'être effondrer de la sorte. Elle ne pût retenir un rire et leva les yeux au ciel en reprenant son chemin en direction du bâtiment scolaire. « Tout à fait ! » répondît-elle ironiquement. « Et d'ailleurs j'ai déjà pris des couleurs ! » s'amusa-t-elle en papillonnant des cils alors qu'il la rejoignait. Il se mît à rire lui aussi pour masquer un peu son trouble, la trouvant vraiment trop jolie et se sentant vraiment trop ridicule. Ils entrèrent ensemble dans le bâtiment et Jean se dirigea vers les escaliers. « Je m'appelle Jean. » se présenta-t-elle, un pied déjà dans l'escalier. « Comme Jean Grey ? » s'émerveilla presque le garçon, fan de comics. Sa réplique eût le don de faire à nouveau rire la demoiselle qui secoua la tête. « Comme Jean Grey, oui. » et elle entama son ascension, un sourire aux lèvres.
Ils se recroisèrent dans la cours et c'est là qu'elle apprît son prénom. Il lui présenta quelques uns de ses potes, elle lui présenta certaines de ses copines. Mais même si la bande s'agrandissait, c'était le lien entre les deux adolescents qui devenait vraiment important. Ils apprirent tout l'un de l'autre. Il n'y avait plus de secret. Pas une once de mystère. Ils passaient le plus clair de leur temps libre ensemble, un coup chez l'un, un coup chez l'autre, au parc, au cinéma, au skate park, au café... Bref. Inséparables. Il l'aurait protégé de tout, elle l'aurait couvé jusqu'à l'étouffer. Ils tenaient si fort l'un à l'autre que ça frisait presque la relation malsaine. Pendant même un long moment, cette relation visible avait découragé beaucoup de filles et de garçons de les approcher à des fins autres qu'amicales. Emmett vécût son premier baiser et sa première relation avec une fille d'un autre lycée qu'il avait rencontré à une soirée. Et Jean embrassa le premier garçon de sa vie pendant ses vacances en France. Il avait fallu attendre qu'ils ne soient pas ensemble pour qu'ils ouvrent les yeux sur les autres. Par ailleurs, Jean n'eût jamais de relation. Ca ne l'intéressait pas plus que ça. Elle avait assez dans la vie pour être heureuse. Ses parents et son meilleur ami. Ainsi que sa passion pour la course automobile, encore et toujours. Une passion qu'Emmett n'aimait pas et surtout craignait plus qu'il ne voulait bien l'avouer. Il avait peur pour elle. Il s'agissait d'un sport extrême et l'idée même qu'il puisse arriver quelque chose de mal à son amie le dévastait. Pourtant il tachait de ne pas y penser, se disant que tant qu'elle faisait ça occasionnellement... Son inquiétude et son intérêt pour la jeune femme furent à plusieurs reprises les causes de séparation entre Emmett et ses petites copines, jalouses de l'attention qu'il portait plus à la blonde qu'à elles. Et il ne s'en défendait même pas. Parce qu'il était vrai qu'il tenait à elle plus que tout au monde. Pourquoi le nier ?
Lorsqu'ils rentrèrent à l'appartement de Jean, après les premiers tours de circuit qu'il ai jamais vu de la belle, il sentît que la jeune femme trépignait d'impatience. Il se posa dans le canapé et la regarda en haussant un sourcil. « Toi, t'as quelque chose à m'annoncer. » lâcha-t-il avec un air suspicieux. Elle rît et se vautra à ses côtés aussi, ayant revêtue avant de partir sa jolie robe d'été Rouge à fleurs. Elle savait qu'Emmett adorait cette robe même si elle n'avait jamais osé lui demander pourquoi. Elle croisa ses doigts et plaça ses mains sous son menton, comme elle l'avait toujours fait. « Bon, bon ! Lâche le morceau ! » s'impatienta son ami dont les yeux verts pétillaient d'intérêt. Elle se mordilla la lèvre avant de glousser. « J'ai été repéré par un sponsor... » commença-t-elle en penchant la tête sur le côté. « Il y a des sélections pour devenir pro dans deux petits mois et... il a dit que si je faisais un super temps... il me prendrait sous son aile ! Il investirait sur mon nom ! Dans ma carrière !! » A mesure qu'elle s'exprimait sa voix montait dans les aigus tout comme l'excitation qu'elle tentait de canaliser commençait à transparaître dans son comportement. Elle sautait presque sur place, toujours assise sur le canapé pourtant. « T'imagine ? Tu t'rends compte ?? Ma carrière !! Ma carrière quoi !! J'vais devenir pilote de course professionnel ! » Et elle laissa échapper un cri hystérique avant de se jeter à son cou. « C'est pas génial ? T'es fier de moi ?? » Et alors qu'elle l'étreignait, elle ne remarqua pas son visage déconfit, son expression défaite. Et c'est lorsqu'elle se rendît compte qu'il ne lui rendait pas son étreinte qu'elle daigna enfin se concentrer sur sa réaction. Elle fronça les sourcils en voyant l'air qu'il affichait sans pouvoir même essayer de le cacher. « Cache ta joie ! » râla-t-elle en croisant les bras. Il fronça tristement les sourcils et passa une main dans ses cheveux. « Tu vas vraiment faire ça ? C'est ce que tu veux ? » Elle était complètement abasourdie de l'entendre poser une telle question. Ca n'était pas évident qu'elle voulait en faire son métier ? Qui ne voudrait pas de sa passion comme sources de revenus ? Elle se leva en soupirant fortement et se dirigea vers la cuisine. « J'me fais un café. T'en veux ? » Elle essayait de changer de sujet car elle sentait gros comme une maison qu'il allait commencer à lui faire la morale ou tout du moins que ce qu'il allait dire n'allait pas lui plaire. « Jean... » souffla-t-il. « Ne réagis pas comme ça. Tu sais très bien ce que j'en pense. Je pense que c'est dangereux. Vraiment super dangereux. » Il se leva et s'approcha d'elle alors qu'elle ne daignait pas le regarder, faussement concentrée sur la cafetière et le gouttes à gouttes noir qui s'y déroulait. « J'aime pas l'idée.. que tu prennes des risques toute ta vie. Je refuse que... Je veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. » continua-t-il, essayant de lui expliquer pourquoi il réagissait de manière aussi négative. Et lorsqu'il posa sa main sur l'épaule de la blonde, celle-ci la dégagea sans ménagement avant de se tourner vers moi. « Tu devrais me soutenir. C'est ce que les vrais amis font. Ils soutiennent ! Quand j'en ai parlé à Léo, elle était ravie ! » Léo ou Léopoldine, c'était sa correspondante française, celle chez qui elle avait passé plusieurs de ses vacances et qu'elle avait de son côté aussi invité. Elles étaient très proches et se parlaient tout les jours par n'importe quel biais virtuel : réseaux sociaux, messageries ou texto. Emmett avait déjà rencontrée la Parisienne et il l'avait trouvé très sympathique. Mais à l'instant même, il en fût extrêmement jaloux. « Ah tu en parles à Léo avant de m'en parler à moi ? Super. » Il grogna et croisa les bras à l'instar de la blondinette furibonde. « Eh bah écoute, c'est super ! T'as le soutien de ta meilleure amie ! Mais tu peux oublier le mien ! J'veux pas que tu deviennes pilote de course ! A quoi ça sert de faire des études en langues, hein ? » Jean s'offusqua de sa déclaration. Comment pouvait-il lui faire une chose pareille ? Elle frappa son épaule. Une fois. Puis deux. Avant de marteler son torse de ses deux petits poings. Elle avait gardé ses mains de bébé. Et elle les détestait. Mais à l'instant même, elle voulait juste arriver à faire mal à son ami avec ses fameuses petites mains. « T'es vraiment qu'un enfoiré ! Qu'un égoïste ! C'est ma vie, mon rêve !! » Elle lui assena une claque mais regretta aussitôt alors que cette dernière sonna avec une violence qui la surprît. Emmett la fixa longuement, sans moufter. Puis vivement, la faisant sursauter, il la saisît par les épaules. « Tu comprends rien ! Tu comprends rien Jean !! Tout ce que je veux c'est qu'il ne t'arrive rien ! Tu comprends pas ??! Je tiens à toi !! J'ai peur pour toi !! » hurla-t-il. Jean était tétanisée, yeux fermés. Elle détestait quand il criait. Lorsqu'il le faisait c'est qu'il sortait vraiment de ses gonds. Il ne criait jamais autrement, contrairement à elle. « Mais... c'est mon rêve... » chuchota-t-elle, en osant rouvrir les paupières. Il la fixait, l'air effondré et dévasté. Il finît par la lâcher et recula. « Laisse tomber... » conclût-il et il se retourna, partant vers la porte d'entrée. Il fallait qu'il sorte et qu'il prenne l'air. Jean se mordilla la lèvre à nouveau et passa une main dans ses cheveux. Elle ne savait pas exactement comment l'expliquer mais elle avait senti qu'à l'instant même, quelque chose avait changé. Et que plus rien, à l'avenir ne serait comme avant.
« J'ai presque pas de nouvelles depuis... » écrivît-elle lors d'une discussion avec Léo durant les semaines qui suivirent. Léo, c'était un peu sa confidente. Quand quelque chose allait mal dans la vie de tous les jours, ou quand ça allait bien même, la française était une des premières à être mise au courant. Jean lui parlait de tout et c'était réciproque. Tout avait commencé en cours de français au collège, une matière qui de base ne plaisait pas forcément à la blonde. Mais le professeur avait décidé de rendre ça interactif. Il prît donc contact avec une classe de collège en France et proposa une correspondance entre les élèves, pour que chacun de leur côté, ils puissent apprendre la langue étrangère. Et c'est Jean Malcolm se retrouva donc contrainte d'écrire une lettre à Léopoldine Bourgeois. Devant sa feuille, elle n'avait même pas su quel sujet abordé. Alors elle avait juste commencé par se présenter, dire son prénom, son âge et son lieu de naissance. Elle avait ensuite enchaîné en parlant de ce qu'elle aimait faire, en bref des banalités. La musique classique, le chocolat, la F1, la viande... tout y passait. Autant faire une longue liste histoire de repérer un minimum de points communs. Et lorsqu'elle reçût la réponse de la fille du même âge elle fût agréablement surprise. Cette demoiselle paraissait très intéressante. Elle jouait du violon et du piano, chose que se pensait incapable de réaliser Jean et qui éveilla son admiration. A bien y regarder, elle ne se ressemblait pas foncièrement mais c'est ce qu'il y avait au final d'intéressant. Et la correspondance continua. Elles se mirent à s'envoyer des lettres régulièrement, contrairement à tous leurs camarades de classe qui avaient abandonné au bout de la deuxième missive. Et quand les billets envoyés par la poste ne leurs suffirent plus, elles prirent connaissance de l'adresse mail de l'autre. Et presque chaque semaines elles s'envoyaient un long message racontant des détails de leurs vie qui aux yeux d'autres auraient pu paraître insignifiant mais qui pour ces deux jeunes femmes étaient source d'engouement. Jean attendait toujours impatiemment les petits mots écrits dans un anglais d'abord approximatif puis de plus en plus fluide de sa Léo, et elle espérait que c'était réciproque. Puis vînt le temps du lycée. Elles étaient plus grandes et décidèrent de se rencontrer. C'est Jean qui partît la première pour un mois de Juillet à Paris, après avoir travaillé toute l'année pour économiser pour le trajet en avion. L'appréhension qui avait tordu le ventre de Jean avant leur première rencontre s'envola rapidement lorsqu'elles se retrouvèrent chez Léo et qu'elles commencèrent à parler, plaisantant sur l'accent de l'autre et entamant déjà de grandes conversations pleine de rebondissements. C'est à ce moment là que Jean s'éprit de Paris et de la langue française. Puis l'année suivante, ce fût au tour de Léo de venir la rejoindre au Texas et de partager son quotidien.
Elles continuèrent ces voyages régulièrement jusqu'à aujourd'hui et c'était toujours un plaisir pour les deux filles devenues femmes. Et toujours, elles avaient tout partagé. Lorsque Jean rencontra Emmett elle lui en parla directement. Lorsqu'elle fît son premier circuit dans une voiture de course, elle lui en parla. Lorsqu'elle rencontra le sponsor qui s'intéressait à elle, Léo fût immédiatement ou presque au courant. Et lorsque Jean se disputa avec Emmett, la blonde eût encore besoin de se tourner vers sa petite française. « Peut-être qu'il a besoin de digérer l'info... » répondît sur la messagerie privée la future journaliste. Jean frotta son front. Elle avait sûrement raison. « Peut-être mais j'aime pas ça, quand on s'parle pas. Surtout après une dispute. » répondît-elle. Elle avait un gressin à la bouche, le machouillant dans son pyjama ample, ses cheveux attachés n'importe comment au sommet de sa tête. Elle était mal depuis sa dispute avec Emmett et elle ne trouvait du réconfort que dans le grignotage et ses discussions avec Léo qui, la pauvre, était impuissante de là où elle se trouvait mais qui tentait tant bien que mal de la faire positivité. « Eh bien appelle-le, demande lui de passer. Ou passe chez lui, toi. » La Parisienne tendait des solutions sur un plateau d'argent à Jean et pourtant la jeune femme ne parvînt pas à se résigner à rendre visite à son meilleur ami. Tant pis pour lui après tout. Elle n'estimait pas être en tort de toutes manières.
De toutes façons, le mois suivant, elle remportait les sélections haut la main et entamait alors sa carrière. Elle vécût à cent à l'heure les années qui suivirent. Elle adorait sa vie : son métier qui lui permettait de tester toujours plus les limites de l'automobile, de la vitesse et de son propre contrôle. L'adrénaline ressentît à chaque courses, à chaque championnat. Elle finissait toujours sur le podium, son niveau s'améliorant d'année en année. Elle aurait pu être célèbre si elle n'avait pas été une femme mais autant l'avouer, on ne parle que rarement de la course automobile féminine. Et il n'en existe pas de mixte. Mais elle s'en fichait. Elle avait tout de même son petit pécule régulier et augmenté en cas de première place. La pression était là, son manager et entraîneur la poussait toujours dans ses retranchements mais ça lui plaisait. Elle était une battante et elle voulait réussir. Elle aimait bien trop ce qu'elle faisait dans la vie pour oser se plaindre une seule seconde. Elle avait gardé contact avec Léo qui était très fière d'elle, de son ascension et ses performances. Elle la soutenait à fond, autant que possible de là où elle se trouvait. La pauvre était trop accaparée par son propre boulot pour trouver un peu de temps pour venir assister aux courses. Mais Jean comprenait et ne lui en aurait jamais voulu.
Elle avait aussi gardé contact avec Emmett dont elle prenait des nouvelles régulièrement et vice versa. Pourtant, ils évitaient à tout prix le sujet de sa carrière. De ce fait, leurs discussions n'étaient jamais très longues car en dehors de son métier, Jean ne savait pas trop quoi raconter. Elle pouvait bien lui parler de nouvelles rencontres mais la plupart se faisaient au sein des championnats. Elle arrivait, parfois, quand les courses étaient à l'étranger, à parler du pays qu'elle découvrait, insistant pour qu'il vienne y faire un tour. Mais jamais il ne le faisait. Il trouvait une excuse ou changeait de sujet lorsqu'elle évoquait l'idée qu'il la rejoigne par exemple à Sydney ou à Pékin. Mais même si il ne se déplaçait, elle savait qu'elle pouvait l'appeler de jour comme de nuit et qu'il lui répondrait toujours, même s'il était occupé. Elle avait ce privilège là, elle était encore une priorité pour lui, tout comme il l'était pour elle. Dès lors qu'elle revenait aux Etats-Unis, elle lui rendait visite et passait autant de temps que possible en sa compagnie. Bien que le jeune homme avait entamé une relation très sérieuse. Elle n'aimait pas vraiment l'idée de l'accaparer mais au fond, elle en avait besoin. Et Emmett ne se faisait jamais prier non plus pour venir la voir à son appartement ou pour la rejoindre dans un café, une boîte de nuit ou n'importe quel autre endroit où elle décidait qu'ils se rencontreraient. Puis elle repartait et faisait escale dans un nouveau pays, sur un autre continent ou dans une ville voisine. Tout dépendait. Mais cet aspect là de sa profession était très intéressant aussi. Et la licence qu'elle avait en poche lui avait donné un certain niveau en espagnol et en français ce qui, il fallait l'avouer, l'aidait énormément à se faire comprendre et à comprendre ses interlocuteurs étrangers.
Puis il y eût cette course, à Paris. Une course palpitante qui l'avait stressé depuis un moment. C'était une course décisive et il fallait absolument qu'elle se donne à fond. Elle le faisait toujours mais là, elle devait se dépasser plus encore. Assise dans son auto, casque sur la tête, elle enfonça bien ses doigts dans les gants et agrippa le volant. Un des techniciens lui fît signe que tout était bon et ferma sa portière. Elle roula jusqu'à la ligne de départ et attendît. Elle savait que son père et Judith était quelque part dans les gradins et elle souffla doucement. Elle refusait de les décevoir. Elle se concentra, se focalisé sur la route et lorsque le top départ fût sonner elle démarra en trombe. Chaque virage lui donnait des sueurs froides, chaque accélération provoquait des papillons dans son ventre et à chaque fois qu'elle dépassait une de ses concurrentes au titre, elle ne se concentrait que plus pour ne pas perdre le fil, pour ne pas se laisser distraire et se reposer sur ses lauriers. La course durait, elle était dans un état second. C'était presque comme si rien d'autre n'existait qu'elle, sa voiture et la route. Les derniers kilomètres étaient devant elle. Elle accéléra, laissant la vitesse de sa plus rude adversaire l'aspirer et lui donner plus d'ampleur avant de la dépasser sur les quelques mètres restant. Elle passa la ligne d'arrivée et décéléra. Elle n'avait pas encore conscience. Elle se gara devant la foule des techniciens qui applaudissaient déjà. Elle ouvrît sa portière et s'extirpa de sa voiture. Retirant son casque elle souffla. Elle avait chaud, elle était tendue mais bon sang, elle se sentait bien. Et lorsqu'on lui frappa l'épaule en lui hurlant à l'oreille elle comprît. Elle avait gagné. Un énorme sourire naquît sur ses lèvres et elle leva les bras au ciel en signe de victoire, fermant les yeux, la tête penchée en arrière. C'était magique. Fantastique. Et lorsque plus tard, elle monta sur le podium et reçût sa médaille, elle ne pût s'empêcher de pleurer d'émotion. Elle aperçu son père dans la foule qui pleurait tout autant qu'elle et rît doucement. Et lorsque l'hymne national de son pays eût sonner, elle se précipita vers lui et le serra, fort et désespérément dans ses bras. Elle entendît distinctement entre deux sanglots de son géniteur, la phrase qui lui serra le coeur de joie : « Je suis si fier de toi. » et elle se remît à pleurer, ne pouvant pas se résigner à lâcher Jonathan, celui qui l'avait en quelque sorte amener jusqu'ici, sans qui rien de tout ça ne serait arrivé. Il était son père mais avait été une grande partie de sa vie son mentor. Il lui avait inculqué son esprit combattif et jamais elle ne pourrait le remercier assez pour tout ce qu'il lui avait offert, humainement.
Avec toutes les participantes, elle alla fêter la victoire. Il y avait ça de bien dans ce sport, l'absence de jalousie ou de tension. Bien sûr, quand on perdait on en prenait pour son ego mais on n'avait pour autant envie d'arracher la tête au vainqueur. Au contraire, on l'admirait. Léo s'était joint à elle pour une partie de la soirée, ce qui n'avait fait que rendre plus heureuse l'Américaine qui ne l'avait pas lâché jusqu'à ce qu'elle doive partir. Elle avait un avion pour Fort Macden le lendemain, elle ne pouvait pas rester trop longtemps. En effet, Léo s'était installée au Texas depuis quelques mois, pour le plus grand bonheur de Jean qui espérait bien la croiser de ce fait plus souvent. 24 ans et avec un tel titre, Jean n'aurait pu être plus heureuse à l'instant même. Elle commanda quelques shots avec ses camarades et en vida à la pelle.
Un peu de vacances. Ca n'allait clairement pas lui faire de mal. Elle en avait énormément besoin, les tensions et la fatigue s'étant accumulés depuis quelques temps. Elle s'accorda donc quelques jours de répit et flâna, par-ci par-là dans sa ville natale, allant voir son père, Emmett et d'autres amis de la fac ou du lycée qu'elle avait un peu perdu de vue. Revenir à un rythme de vie normal était bénéfique. Même si la course lui manquait dès qu'elle y pensait, elle s'efforçait de s'occuper pour que ça ne soit pas le cas. Elle s'accordait des séances de kiné pour se détendre, des virées dans les bars avec ses potes, des soirées filles avec Léo et des soirées films avec Emmett. Il n'y avait rien de plus agréable que ça. Elle était heureuse et elle se disait que rien ne pouvait entacher son bonheur. Mais la vie nous joue parfois de sacrés tours. Elle venait de quitter Emmett au petit matin. Elle avait dormi à ses côtés après avoir maté la trilogie complète du Seigneur des Anneaux en se goinfrant de popcorns. Certes, elle s'était endormie pendant le troisième volet mais ça n'avait pas d'importance, elle avait passé une excellente soirée. Lorsqu'elle s'éveilla le lendemain elle se leva silencieusement, ne voulant pas réveiller son ami qui semblait dormir paisiblement. Elle partît à la douche, faisant comme chez elle, comme toujours. Et quand elle fût fraîche et claire elle prît ses clés de voiture et descendît la récupérer, laissant un petit mot sur la table de l'entrée à l'intention de son meilleur ami. « Tu dormais comme un gros bébé alors je suis partie sans oser te réveiller. Passe une bonne journée et merci pour cette nuit. Je t'aime ♥ » C'était une belle journée ensoleillée. Rare par ici. Tellement ensoleillée que Jean regretta de ne pas avoir de lunettes de soleil sur elle. Tête en l'air qu'elle était. Elle monta dans sa nouvelle voiture audi et démarra sans attendre. Elle allait rentrer chez elle et s'occuper de la paperasse qu'elle avait laissé traîner depuis son arrivée. C'était typiquement le genre de chose qu'elle n'aimait pas. S'engageant sur la route elle lança d'une main la radio. C'était la dernière chanson de Pharrell Williams qui passait en boucle sur les ondes, Happy. Elle avait fini par la connaître par contre et commençait déjà à la chanter en tapotant le rythme sur son volant. Elle fronça les sourcils. Le soleil tapait fort. Elle baissa donc le pare-soleil devant elle et essaya de s'installer de manière à avoir le moins possible la lumière blanche dans la figure. Mais il était encore tôt et le soleil et de ce fait encore bas. Elle grogna et ouvrît sa boîte à gant. Elle espérait de tout coeur que s'y trouvait des lunettes de soleil et, tout en jetant des coups d'oeil à la route, elle se mît à fouiller. Elle savait qu'elle maintenait parfaitement son volant. Qu'elle roulait droit devant. Sa conduite et quasiment irréprochable et elle finît par les trouver ses lunettes. Et elle finît par les enfiler avec un sourire jouasse. Un sourire et disparût quand elle vît la voiture d'en face dévier de sa trajectoire à quelques mètres d'elle. Elle tenta un coup de volant mais il était trop tard. Le choc fût violent. Elle fût assommée sur le coup.
Lorsqu'elle se réveilla, elle eût du mal à se souvenir de ce qui était arrivé, d'où elle se trouvait. Elle geignit douloureusement et tenta de se redresser. Sa tête pesait une tonne. Elle avait des fourmis dans tout le bas du corps. Lorsqu'elle fût en position assise elle se souvînt. Un accident. Le choc entre les deux voitures. Puis plus rien. Elle fronça les sourcils et regarda autour d'elle. Elle avait dû se cogner vraiment très fort, sa tête bourdonnait de façon extrêmement désagréable et certainement, la voiture derrière elle devait elle aussi lui être rentrée dedans. Un coup d'oeil derrière comme elle pouvait. En effet. Le chauffeur n'était pourtant pas dedans. Il avait dû pouvoir s'en sortir sans trop de dommage. Des passants s'étaient arrêtés pour regarder l'accident. Est-ce que l'un d'eux avait appeler les urgences ? Elle l'espérait. Elle leva les yeux et rencontra son reflet dans le miroir du pare-soleil. Elle avait l'arcade sourcilière explosée et le sang avait maculé sa joue. Elle tenta de s'essuyer, dégoûtée par tout ce sang. Puis elle voulût se libérer de l'habitacle dévasté dont elle était prisonnière. Elle tira sur sa ceinture qui finît par se détacher mais la portière en revanche restait fermée en vînt. Elle tapa contre la vitre, contre l'accoudoir, contre tout ce qu'elle pouvait. Elle voulait sortir. Sortir bon sang ! Elle tenta d'ouvrir la fenêtre et s'adressa à la foule. « S'il vous plaît ! Quelqu'un je... je... » Elle fronça les sourcils. Les fourmis avaient disparu. Dans une certaine mesure, c'aurait pu signifier une bonne nouvelle. Mais pas là. Parce que ce qui avait remplacé les fourmis était pire encore. Rien. Elle ne sentait rien. Plus rien du tout. « N... non... Non ! » Elle commença à pleurer, hystérique en essayant de se dégager. Mais alors qu'elle se concentrait au maximum elle fût bien obligée de se résigner à remarquer que ses jambes ne répondaient plus. Plus du tout.
Elle était à nouveau tombée dans les vapes et lorsqu'elle s'éveilla à nouveau, elle n'était plus dans cette maudite voiture. Elle se trouvait dans une chambre... une chambre d'hôpital. Elle était étendue, une perfusion plantée dans le bras, vêtue de la tunique typique de ce genre d'établissement. Sa tête était lourde, à nouveau. Elle se sentait nauséeuse. Et lorsqu'elle tenta de tourner la tête, elle entendît quelqu'un se précipiter vers elle. « Jean.. Jean c'est papa. » Elle cligna des yeux une fois. Puis deux. Et enfin sa vue commença à être moins floue. Elle regarda le visage familier à ses côtés et sourît doucement. « Salut papa... » chuchota-t-elle. Et elle remarqua, derrière lui Judith dont le visage était blanc comme neige. Elle avait dû leurs faire une peur bleue. Elle pinça les lèvres, désolée. « Est-ce qu'il y a eût d'autres... blessés ? » demanda-t-elle et son père pinça les lèvres. « Non... les autres s'en sont plutôt bien sortis. » confia Jonathan en lui prenant la main et en la serrant. « Moi aussi, j'suis en pleine forme. » tenta de plaisanter la jeune femme mais les sanglots de Judith lui indiquèrent que ça ne devait pas être tout à fait le cas. La blondinette fronça les sourcils. « Judith...? Papa qu'est-ce que... qu'est-ce qu'elle a ? » Mais la vraie question était qu'avait-elle, elle ? Elle commençait à angoisser. Son père semblait anéanti et les pleurs de sa belle-mère était trop rares pour qu'ils ne soient pas inquiétants. « Qu'est-ce qu'il se passe ?? » demanda-t-elle, plus fort, la voix enrouée. Et son père baissa les yeux. Comme s'il était incapable de lui faire face pour lui avouer la vérité. La cruelle vérité. Celle qui anéantissait les rêves de la jeune femme. Celle qui ruinait sa vie parfaite. Celle qui serait son quotidien jusqu'à la fin de sa vie. Jean avait perdu l'usage de ses jambes dans l'accident. Définitivement...