HAPPINESS ONLY REAL WHEN SHARED
« monsieur o'connor, vous avez un cancer. » Le jour où tout a basculé. J'ai fixé mon médecin durant de longues minutes, je ne savais pas très bien comment réagir. A vrai dire, tellement de pensées me traversaient que je n'arrivais plus à faire le tri.
« un cancer ? » avais-je répété bêtement. Non, ce n'était pas possible. Pas ça. Pas à moi. J'ai d'abord cru que c'était une mauvaise blague, refusant d'y croire. Le médecin persistait pourtant, et la mine qu'il affichait ne me mettait pas du tout en confiance. Une maladie, je veux bien. Une maladie qui se soigne, une maladie dont je pourrais guérir en prenant des cachets et en buvant des cachets. Mais
cette maladie.. J'ai pris une grande inspiration, me levant de mon siège en plongeant mes mains dans mes poches. Je contournais mon médecin, allant regarder par la fenêtre.
« un cancer, vous dîtes ? » il ne répondit toujours pas alors que je commençais enfin à prendre conscience de la réalité de la chose. Je me voyais déjà plongé dans des multitudes de séances de chimiothérapie qui au final n'aboutiront peut-être à rien. Je voyais déjà mes parents pleurer ma mort, ma petite sœur également. Mais surtout, la personne à laquelle je pensais en ce moment était ... Sarah. Ma belle Sarah, ma douce Sarah. J'esquisse un sourire en pensant à elle, elle et son regard doux, elle et ses sourires qui me font littéralement craquer, elle et son rire d'ange. Comment allais-je lui annoncer cela ? Comment pourrait-on y faire face ? Il n'y avait donc aucune solution. Le jour où j'ai posé un genou à terre pour lui demander de m'épouser, je m'étais juré de ne jamais oh grand jamais la faire pleurer. Pourtant, c'est tout le contraire qui va arriver. Je vois déjà ses joues ruisseler de larmes, son visage qui pâlit à force de s'inquiéter. Non, je ne peux pas lui faire ça, je ne peux pas lui imposer toute cette souffrance. Je soupire, baissant la tête. Bon dieu, qu'est-ce que j'allais faire ? Je fis les quelques pas qui me séparaient de mon médecin pour m'asseoir et reprendre ma place.
« qu'est-ce que je dois faire ? » Le lendemain, j'étais déjà entrain de faire mes valises. Un tee-shirt par ici, un pantalon par là. Je n'avais pas besoin de grand chose au final, j'essayais juste de m'occuper l'esprit. Un cancer. Je prends une grande inspiration, m'asseyant sur mon lit. Je ne sais pas encore ce qui fait le plus mal, si c'est le fait d'être condamné à mourir ou si c'est de devoir quitter ma famille et surtout ma fiancée en laissant tout derrière moi.
La vie est faite de choix : Oui ou non. Continuer ou abandonner. Se relever ou rester à terre. Certains choix comptent plus que d’autres : aimer ou haïr. Être un héros ou un lâche. Se battre ou se rendre. Vivre ou mourir. Je vais le répéter une dernière fois, pour ceux qui en douteraient encore... La vie est faite de choix. Vivre ou mourir, le choix le plus important, mais la décision nous appartient rarement. Si j'avais le choix ... Mais justement, je ne l'avais pas. Je refusais d'imposer ça à Sarah ou à mes parents. Ils n'avaient pas besoin de ça. Je ne voulais pas être un fardeau pour elle. Je m'interdisais de voir ma douce verser ne serait-ce la moindre larme par ma faute. Je devais m'en aller, c'était la meilleure solution. Le médecin me répétait sans cesse que ce n'était pas bon, que j'avais besoin de soutien, que moralement, je ne pouvais pas tenir. C'est dans les bras de ma sœur que j'ai fini par éclater en sanglot, elle était la seule au courant. Elle a même décidé de partir avec moi, j'ai essayé de l'en empêcher, mais je crois que j'ai beau faire le fier, j'avais besoin de cette affection là. J'ai été incapable de regarder Sarah dans les yeux, ou même de lui expliquer ma situation. Je ne pouvais pas. C'était au-dessus de mes forces. Comment voulez-vous que je regarde la femme que j'aime pour lui dire que je m'en vais ? Définitivement, je veux dire. Il valait mieux qu'elle m'oublie. Mais est-ce que je voulais réellement qu'elle m'oublie ? Non... Evidemment que non. Ca ne devait pas se finir comme ça. Elle et moi, c'était censée être une histoire sans cris, sans larmes, sans douleur. Pourtant, c'est tout le contraire qui va se produire. On devait se marier, avoir des enfants, finir notre vie ensemble.. Mais je préférerais qu'elle finisse sa vie avec un autre que de devoir subir toute la souffrance que je risquais de lui imposer en lui dévoilant ma maladie. J'ai été incapable de prononcer le moindre mot. Alors je lui ai écrit une lettre. Une lettre non pas d'adieu, mais d'au revoir. Parce que la seule raison qui me donnera la force de me battre, c'est elle. Seulement elle. Elle sera mon paradis dans l'enfer qui m'attend. Une lettre que j'ai du recommencer 152 fois afin de trouver les mots justes, ceux qui lui feront comprendre à quel point je l'aime, mais qu'elle doit passer à autre chose. Je n'ai pas signalé le fait que je ne reviendrais pas, parce qu'au fond, je garde espoir qu'un jour tout ira, que quelque part, je trouverais la force de me battre et que je lui reviendrais. Je t'aime, Sarah. Je suis fou amoureux de toi, mais je t'en prie, pardonne moi.
Ne pleurez pas votre passé car il s’est enfui à jamais. Ne craignez pas votre avenir car il n’existe pas encore. Vivez votre présent et rendez le magnifique pour vous en souvenir à jamais. Aujourd'hui, je suis guéri. Entièrement. Totalement. Complètement guéri. Le médecin s'est attaqué la tumeur au début du cancer et on a pu me sauver, comme il dit. Lorsque je n'y croyais plus, lorsque je me voyais déjà mourir sous les nombreuses séances de chimiothérapie, on m'a annoncé que c'était bon. Je vais enfin pouvoir rentrer chez moi.