CHAPITRE 1 ▹we're up all night to get lucky Non, je ne veux pas. Je ne veux plus. Je ne veux plus ressentir ce sentiment d’oppression, cette impression constante qu’on va me sauter dessus. Je sens leurs regards quand je marche dans le couloir, je sens leurs jugements et je peux presque entendre leurs railleries. Comme si cela ne suffisait pas que je me sente anormal il a fallu que je passe une énième fois sur cette foutu balance ce matin. Je sais pertinemment l’effet que me fera la vision de ce chiffre mais je le fais tout de même tous les matins. J’entends les voix de mes camarades dans ma tête, petit gros, porcinet, bibendum, le sumo et autre surnom affectif par lesquels ils me désignent. J’entends leurs rires, je peux presque sentir la pression de Tedd sur mon bras lorsque ce dernier s’amuse à me projeter en ricanant avant de me prendre mon argent ou mon repas. Je suis la cible la plus facile qu’il soit. Parfois ma sœur est là et elle me défend, parfois c’est Eleonora mais ça ne fais empirer la chose et un nouveau surnom m’est attribué : tapette. Ne pas pouvoir me défendre est une chose mais, être défendu par des filles en est une autre.
Je regarde la voiture de mon père partir au loin. Il m’a simplement déposé à l’école mais dans mon cœur je ressens comme une trahison, c’est comme emmener la vache qu’on a élevé à l’abattoir. C’est peut-être un peu exagérer mais c’est ce que je ressens chaque matin quand Kléo s’élance en courant vers ses amies avant le début des cours et que moi je pars vite me cacher près du stade. Je m’assois sous les tribunes tout comme à l’heure du déjeuner. Cette heure c’est l’heure fatidique. Je passe mon temps à essayer de me cacher en espérant pouvoir passer un petit moment tranquille. Généralement, je m’assois, je mets mes écouteurs, j’écoute de la musique que mon père a pris soin de placer sur cet Ipod qu’il m’a offert à Noel et enfin j’entours mes bras autour de mes jambes recroquevillées. Je peux rester des heures comme ça à me laisser porter par la musique.
« Tu écoutes quoi ? » Je tourne la tête vers la droite surpris de ne pas avoir entendu plutôt cette personne. La petite tête blonde à côté de moi m’offre un grand sourire. Elle est belle quand elle sourit. Elle est belle tout le temps mais ce sourire qu’elle me remplit le cœur de joie. Eleonora Hodgkin. Ma meilleure amie, ma seule amie fille en même temps donc ce n’est pas compliqué d’avoir ce titre. Elle a toujours été gentille avec moi. Elle m’invite parfois chez elle pour regarder des dessins animées, faire des jeux de sociétés, écouter de la musique, m’aider dans les matières ou j’ai plus de mal et vice versa. Je lui tends l’écouteur sans ajouter un mot. Je reste la regarder alors qu’elle prend un air concentré et que son sourire s’agrandit au fur et à mesure que les notes s’enchaine.
« Tu voudrais bien être mon amoureuse ? » Les yeux rempli d’espoir je la regarde comme si ma vie en dépendait. J’ai treize ans et c’est surement l’acte le plus courageux que je n’ai jamais fait. Je vois certain garçon de l’école avoir des amoureuses et moi ça me plairait bien que ce soit Eleonora mon amoureuse. J’ai demandé l’autre jour à maman ce que c’était d’être amoureux et elle m’a répondu en souriant que c’était avoir des papillons dans le ventre quand on voit la personne qu’on aime. Sur le coup je n’ai pas tout compris mais en voyant Ellie après j’ai tout de suite ressentis ces papillons. L’envie de passé toute ma journée avec elle et…
« Je t’aime bien Toby mais tu es un copain c’est tout » Mon petit monde s’écroule en un rien de temps. La mine désolée sur le visage de la blondinette me brise encore plus le cœur. Je suis trop bête, comment aurait-elle pu dire oui. Même si elle a appris à me connaitre sans me juger sur mon apparence je reste comme je suis et forcement ça finis par poser problème. Elle est la fille la plus jolie que j’ai vu pour le moment et moi je suis… je suis moi. Toutes les moqueries que j’ai pu entendre sur mon physique ne sont rien comparées à la douleur que me provoque ce qui vient de passer. Elle n’a jamais fait allusion à mon physique car ça ne la dérangeais pas mais au final elle pense la même chose que les autres à mon sujet. Je ne serais jamais assez bien pour personne.
CHAPITRE 2 ▹we're up all night to get lucky « Bonjour Tobias, comment te sens tu ici ? » Mon regard un peu perdu se baladait d’un coin à l’autre de la pièce avant de se reposer sur cette femme d’une quarantaine d’année face à moi. Mon père est à ma droite et ma mère assise tranquillement à ma gauche. Cela fais une semaine que je suis arrivé au centre, une semaine d’adaptation comme ils l’appellent. C’est nécessaire pour apprendre le fonctionnement de l’établissement parait-il. C’était devenu trop dur pour moi à Fort macden, je ne pouvais plus rester dans la peur continuel et dans le dégout de moi-même. Avec l’adolescence viennent des complexes encore plus grands. Je ne parlais presque plus à personne depuis quelques mois maintenant et quand j’osais prendre les paroles seuls quelques petit mot réussissais à sortir. Je me suis totalement renfermé sur moi-même. Tellement que je ne veux pas spécialement parler à cette dame assise face à moi. Elle m’adresse un sourire compatissant pour m’encourager.
« Les débuts sont toujours difficile ne t’inquiète pas. Aujourd’hui nous allons choisir ensemble quelques activité sportive qu’il te faudra suivre durant ton année ici » Voyant son regard j’hoche doucement la tête.
« Tu auras donc plusieurs heures de sport dans la semaine, des horaires de cours comme au collège et aussi quelques heures de suivit avec moi-même, c’est important que tu te sentes bien dans ta tête également » Ma mère m’a expliqué plus tôt que cette dame était une psychiatre et qu’elle allait m’aider à aller mieux. Pour ce qui est du sport j’ai eu une longue discussion avec TJ mon oncle pour qu’il m’explique les règles des sport proposé ici. J’ai fini par faire mon choix sur les deux qui m’intéressaient le plus.
« J’ai choisis le baseball et le tennis » Son sourire s’élargit visiblement elle ne doit pas avoir l’habitude que les patients sachent déjà ce qu’ils veulent en passant la porte. Moi, même si je ne le montre pas je suis pire que motivé. Je ne veux plus sentir ce sentiment de dégout dans les yeux des gens.
« Et bien ce fut rapide, si tu as des questions je suis là pour y répondre et sinon tu peux retourner déballer tes affaires, il faut que je parle à tes parents » Je les regarde tous les deux un par un, ils ont l’air triste, en même temps je ne serais pas à la maison durant toute cette année. J’aurais le droit de rentré seulement pour les fêtes. J’embrasse doucement ma mère sur la joue avant de partir en direction de la porte.
CHAPITRE 3 ▹nowhere else can make me feel this way, feels like home J’ai la tête dans les nuages. Je l’ai littéralement puisque je suis placé près de la fenêtre de l’avion en direction d’Hillston. Retour à la case départ. Après trois ans d’absences. 50 kilos de perdu. Une tablette de chocolat toute neuve et apparente. Une nouvelle coupe de cheveux, une confiance en moi-même toute nouvelle et une joie de vivre retrouver durant ces dernières années. Je suis triste, heureux et déterminé à la fois. Triste car c’est la fin d’un long et beau voyage. Fini le Mexique, fini l’Espagne, fini les soirées dans les bars espagnols à boire de la tequila et danser toute la nuit. J’ai appris à être heureux durant ces trois dernières années. J’ai appris à me connaître moi-même et à m’apprécier comme je suis. J’ai appris à profiter de l’instant sans me soucier des autres. Et je suis heureux. Heureux d’avoir pu vivre tout ça, d’avoir pris gout au voyage, de retrouver ma famille, de me sentir bien dans mon corps et ma tête. A cela se mêle de la détermination. J’aurais pu revenir un an plus tôt mais je n’ai pas eu le courage. Aujourd’hui je l’ai et je suis bien décidé à montrer à ceux qui m’ont toujours traité de minable et de tous les noms possibles que maintenant je suis meilleurs qu’eux dans beaucoup de domaine. Je veux avoir la chance de pouvoir les regarder dans les yeux et leur faire comprendre qui je suis, je veux qu’il soit surpris et voir leur visage à cet instant.
« Mesdames et messieurs, merci d’avoir choisie notre compagnie pour ce vol, nous nous sommes posez avec succès à Hillston. Il fait 18° dehors et il est actuellement 15h35. A bientôt sur nos vols » Le bruit des ceintures qui se déboucle retentit dans mes oreilles alors que le commandant de bords vient de terminer son intervention. Je sors tranquillement de l’avion, sac à dos sur moi, lunettes de soleils correctement positionnées sur mon nez. Je respire enfin l’air de la maison. Ma grosse valise à la main je me laisse ensuite descendre avec l’ascenseur. Quand les portes s’ouvrent un grand sourire se forme sur mon visage. Je laisse immédiatement ma valise sur le côté pour aller prendre dans mes bras ma mère. Gardant un bras autour d’elle j’en profite de l’autre pour attraper Kléo pour se joindre à nous. Elles m’ont tellement manquées ces deux-là. Je les lâche alors quelques instant pour faire face à mon père. Sans un mot, juste un regard il s’approche de moi pour me prendre dans ses bras. Ensuite c’est au tour des deux derniers de la famille de me sauter dessus. La famille c’est vraiment la valeur la plus sûre que nous puissions avoir dans ce monde. Je n’échangerais la mienne pour rien au monde.
CHAPITRE 4 ▹but, baby I loved you first J’étais de retour depuis quelques semaines déjà mais aujourd’hui était un jour spécial. La rentrée des classes. Le retour à la réalité. Je n’étais pas effrayé comme j’aurais pu l’être, l’année dernière ou encore l’année encore avant. Aujourd’hui, j’étais enfin près. Je n’avais plus peur du regard des autres, j’avais changé mais j’avais surtout grandi. Ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent je m’en contre fiche maintenant, tout ce qui compte c’est que ma famille soit fier de moi. Je ne vais plus me laisser ronger par je ne sais quel enfoirée qui viendra me dire un truc. Après tout je ne peux pas plaire à tout le monde, je ne plairais qu’aux gens qui en vaudront la peine. Les autres lycéens m’ont tous pris pour un nouvel élève ce qui m’a plutôt fais rire. En classe d’espagnol j’ai tout expliqué dans un espagnol parfait qui à stupéfait ma prof, elle, elle ne me fera aucune remarque d’ici la fin de l’année. J’ai eu le droit à des regards étonnés, parfois choqué et quelques railleries de certains. Heureusement, j’ai très vite trouvé la salle de sport pour me détendre sur l’heure du déjeuner. J’ai commencé à frapper quelques balles dans l’endroit prévu à cet effet pour les entrainements de baseball. J’étais tellement concentré dans ce que je faisais que je n’avais même pas remarqué l’attroupement derrière moi. Je frappais de toutes mes forces dans les balles arrivant dans ma direction les renvoyant illico dans l’endroit que je voulais. Sourire aux lèvres je poussai un soupir avant de reposer la batte à son endroit initial et de me retourner. Une dizaine de personne se trouvaient derrière moi, me laissant là sans voix.
« Petit, ça te dirais de jouer dans l’équipe ? » Mon sourire s’élargit d’un coup. Premier jour et j’avais déjà été remarqué par le coach, c’est ce que j’appelle une journée productive. Il m’avait ensuite accompagner jusque ma classe tout en me parlant des modalités, des prochains matches et de combien il avait été impressionné par mes frappes. J’avais du ensuite passer deux heures en Histoire. Ce n’est pas ma matière favorite mais c’est tout de même passé vite, j’avais déjà en tête mon entrainement de tennis de ce soir. Le sport a pris une grande part dans ma vie depuis que j’ai redécouvert cela. Avant je ne supportais, cela m’essoufflais trop vite, je ne pouvais pas faire dix pas en courant sans me retrouver les mains sur mes genoux à cracher mes poumons mais maintenant que j’ai retrouvé la forme j’y ai pris gout. J’avais tellement hâte d’enfiler mon short et de sentir la douceur de ma raquette neuve entre mes mains que je n’avais même pas fait attention en sortant ce qui m’a valu de me prendre de plein fouet un de ces gros muscles de l’équipe de foute. Un simple coup d’épaule dans son dos et il sortait déjà les crocs le molosse.
« Tu ne peux pas faire attention l’nouveau, je vais t’apprendre comment ça marche ici » Il me faisait à présent fasse et je pouvais tout à fait me souvenir de qui il était à présent.
« Primo, je ne suis pas nouveau Max et deuxio… » Une tête blonde venait de se pencher derrière lui, dans la précipitation qu’avait été cet altercation avec un ancien camarade de classe je n’avais même pas fais attention à la main posée sur son épaule. J’avais effectivement vu qu’il se trouvait face à une jeune femme mais je n’avais pas pu voir son visage jusque maintenant, caché derrière ce gars aux muscles qui en effrayerait plus d’un.
« Tobby ? » Je n’eus le temps de dire quoi que ce soit, d’abords trop absorbé par ce sourire qui m’était familier puis elle m’a pris de cours en me prenant dans ces bras.
« Elli ! Ça fait plaisir de te voir » Je refermais doucement mon étreinte autour de la blonde sous le regard mi- choqué, mi- énervé de Max. Il semble comprendre qui je suis après qu’elle m’ait reconnu. Je n’en crois pas mes yeux, après trois ans et tan de changement elle m’a reconnu. Une lueur d’espoir me traverse même si je sais très bien que je ne devrais pas. Je le regrette aussitôt qu’elle retourne se blottir dans les bras de Max. Je perds un peu de mon sourire en la sachant en couple avec un gars comme lui mais quelques secondes plus tard je le retrouve en observant le sien. Cette fille a toujours eu un sourire communicateur, elle a le plus beau sourire qu’il soit respirant la joie de vivre, l’innocence et la gentillesse même.
« On doit y aller mais on se voit plus tard, je veux tous les détails sur ce voyage » Je lui rends son sourire alors qu’elle s’en va vers l’autre bout du couloir avec l’autre. Eleonora, la seule qui n’a pas changé en trois ans, toujours aussi pétillante. Malheureusement pour moi, j’ai toujours tendance à être le bon copain pour tout le monde et encore plus avec elle.